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Cameroun : Comment un jour de deuil national est devenu fête de la jeunesse

L’ancien président de la république du Cameroun en 1966 avait décidé de faire du 11 Février de chaque année la fête de la jeunesse.

Pour lui, cette fête doit être l’occasion de la prise de conscience par les jeunes de leur existence dans la nation, de leur rôle et de leur devoir. Dans le fond c’était pour s’affirmer à la tête de l’état et assurer le contrôle de toute la vie politique. Quand en septembre de la même année, au mépris de la constitution il impose un régime de parti politique unique avec la création de l’Union Nationale Camerounaise (UNC) tous les jeunes de 10 à 30 ans étaient d’emblée de son organisation annexe « la Jeunesse de l’Union Nationale Camerounaise (JUNC). Pourtant, depuis 1964, le 11 février était une journée de deuil national. Le drapeau national, ce jour-là, était en berne. Et pour cause, on se souvient qu’à la création de l’ONU en 1945, le Cameroun est placé sous sa tutelle et confié à la France et à la Grande- Bretagne.

Le but du régime de tutelle est de préparer les territoires concernés à l’autonomie ou à l’indépendance, conformément à l’article 76B de la Charte des Nations Unies. Dès lors, les nationaliste camerounais refusent l’intégration du Cameroun britannique au Nigéria, ni l’engloutissement du Cameroun Français dans l’Union Française. Plus encore, à partir de 1952, ils réclament l’unification et l’indépendance du Cameroun même au prix d’un référendum comme le prévoit l’article 76 de la charte de l’ONU et les accords de tutelle. Après la dissolution de l’UPC en 1955, le pouvoir colonial français par l’entremise de son pion Ahidjo, dès 1958, reprend les revendications du parti de Um Nyobé. L’ONU dont la France et la Grande-Bretagne sont membres influents, saute sur l’occasion et au cours de sa séance plénière du 13 mars 1959, adopte le projet de résolution concernant la cessation du régime de tutelle et l’accession du Cameroun français à l’indépendance sans consultation préalable le 1er janvier 1960.

Le Cameroun britannique, quant à lui, est administré comme partie intégrante du Nigéria et divisé deux grande zones ; le Cameroun méridional rattaché à la région de l’est du Nigéria et le Cameroun septentrional rattaché aux provinces de Bénoué, de l’Adamawa et du Bornou. 237online.com Lorsque la solution de la question Camerounaise pointe à l’horizon, cette instance internationale ne sait où donner de la tête pour le Cameroun britannique. Dans sa résolution 1350 du 13 mars 1959, l’assemblée générale demande à la Grande-Bretagne d’organiser des plébiscites séparés dans ses deux zones sous certaines conditions. La même assemblée par une autre résolution (1352) du 16 octobre 1959 demande que le plébiscite soit organisé au plus tard en mars 1961 avec la question du choix entre les républiques du Nigéria ou du Cameroun. Le 7 novembre 1959, ce référendum est organisé au Cameroun septentrional britannique. Le peuple refuse de s’unir à la région du Nord du Nigéria. L’assemblée semble n’être pas satisfaite de ce résultat. Elle décide par sa résolution 1473 du 12 décembre 1959 qu’un nouveau plébiscite y sera encore organisé au plus tard en mars 1961. C’est ainsi que deux plébiscites séparés sont organisés l’un au Cameroun septentrional et l’autre au Cameroun méridional les 11 et 12 Février 1961. Enfin, le Cameroun septentrional opte en faveur de l’union à la fédération nigériane et le Cameroun méridional pour la République du Cameroun. Comme un coq après que l’épervier ait emporté un poussin, Ahidjo et ses affidés s’agitent, tempêtent, crient à la fraude massive et à l’injustice flagrante devant l’assemblée générale de l’ONU. Mais rien n’y fait. Elle entérine en sa séance du 21 avril 1961 les résultats et adopte une résolution mettant fin à la tutelle du Cameroun septentrional le 1er Juin 1961 et celle du Cameroun méridional le 1er octobre 1961.

Le gouvernement de la République du Cameroun dit qu’  » impossible n’est pas camerounais « . Il porte l’affaire devant la Cour Internationale de Justice de la Haye. Mais, en décembre 1963, celle-ci se déclare incompétente. Le Cameroun d’Ahidjo n’a plus que ses yeux pour pleurer. Et le protégé de la France fait du 11 Février un jour de deuil national, un deuil qui n’a duré curieusement à peine trois ans. Pour devenir la  » fête de la jeunesse  » ! Et puis, qu’est-ce que les jeunes peuvent bien attendre de cette gérontocratie qui les gouverne, les opprime et souvent les laisse sur le bord du chemin, sans projet d’avenir ? Depuis cinquante années de fête de la jeunesse, les jeunes comme le peuple tout entier souffrent de l’incurie des courtisans politiques, des prédateurs de tout poil au sein de l’arène gouvernementale. Comme le peuple, ils sirotent chaque jour au nectar amer de l’égoïsme de la classe des élites, insensibles au sort de leurs concitoyens pauvres.

BOPHE

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