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25 Mai 1955 – 25 Mai 2021 : LA VICTOIRE DU MPODOL RUBEN UM NYOBE

De Daniel Yagnye Tom

Dans l’émission « Obama time  » du 17 Mai 2021, Ruben Um Nyobe héros national, nous avons assisté à un rappel historique du professeur Matthias Éric Owona Nguini ( MEON ) assisté par notre dynamique camarade Mme Njeng née Ngo Yap.

 » Jam li mut u tehe u kal « , le professeur MEON a montré qu’il connaissait suffisamment Um Nyobe et l’histoire de l’UPC, notre parti. En général il a été à la hauteur de la tâche, raison pour laquelle ses  » glissades pernicieuses  » le long de l’émission ne sont pas pardonnables, ceci d’autant plus que tout le monde a constaté qu’il dominait le sujet, rien ne rassure donc pas que ses  » glissades  » n’ont pas été volontaires.

MEON a dit et répété plusieurs fois que l’indépendance du Cameroun était l’œuvre de l’UPC et que Ruben Um Nyobe en était le véritable père !

De manière élégante, il a présenté le contentieux historique franco-camerounais qui avait commencé avec les massacres du 25 Mai 1955, et s’est achevé avec la victoire de ceux qui étaient dans la logique d’autonomie et non d’indépendance. Le professeur MEON est allé plus loin en présentant la portée panafricaine de l’UPC et de Um Nyobe en évoquant Nelson Mandela et l’ANC.

PAUL SOPPO PRISO, ANDRÉ MARIE MBIDA et AMADOU AHIDJO

Le professeur MEON est rapidement passé sur le nom de Soppo Priso en le présentant comme homme d’affaires. Le personnage mérite largement plus : patriote convaincu, il s’est insurgé contre Mbida dans sa traque des upecistes qu’il critiquait aussi lorsqu’il le trouvait nécessaire. Soppo Priso s’est levé contre l’arrestation du Dr Eyidi Bebey patriote et ancien combattant, En tant que président de l’Assemblée Territoriale du Cameroun, il s’est battu contre Aujoulat et la loi cadre Deferre dans l’Assemblée de l’Union Française. Loi cadre qui constitue l’un des volets du Contentieux historique puisque cette loi était illégale, notre pays n’étant pas une colonie française.

MEON n’a pas clairement montré la différence entre Mbida et Ahidjo, deux personnalités aujoulatistes et surtout pourquoi l’une est héros national et l’autre non. Quel mérite individuel a eu Ahidjo dans la construction de l’état néocolonial lorsque l’on sait très bien qu’il n’était qu’une marionnette et que l’état camerounais actuel a été essentiellement une œuvre française ?

Et pourtant il y a eu deux Mbida : un Mbida laquais du néocolonialisme français et l’autre patriote, tandis qu’il n’y a eu qu’un Ahidjo, le laquais ! Si le refus d’adhésion à des loges a eu une quelconque importance dans la rupture entre Mbida et Aujoulat, ce qui a le plus joué, c’est que Mbida a montré des réticences sur les accords présentés par la France contrairement à Ahidjo. Mbida a d’ailleurs commis l’irréparable en se réconciliant avec l’UPC à Conakry. Voici d’ailleurs ce que Mbida affirmait à la tribune de l’ONU le 27 février 1959 : « Je dois d’autre part signaler qu’en 1957 lorsque j’étais premier ministre, le Haut Commissaire de la République Française au Cameroun m’avait proposé des négociations par convention relative à certaines affaires : j’avais refusé catégoriquement ces propositions car je les jugeais illégales. ..Parce que je voyais en elle l’amorce d’une intégration dans l’Union Française…et c’est parce que j’ai toujours résisté à toutes  ces sollicitations que le gouvernement français a résolu de faire tomber mon cabinet afin d’avoir sous sa dépendance des hommes sûrs et dociles… » et il ajouta qu’il n’était pas « normal et rassurant que l’indépendance soit promise sous condition et , surtout,  que les attributs essentiels de l’indépendance pleine et entière soient enlevés d’avance par les conventions illégales et abusives « .

On pourrait le dire ouvertement qu’il ne serait pas exclu que ce soient pour des raisons essentiellement subjectives,  certainement à cause de leur proximité ethno-culturelle avec le prince de Mvomeka que Mbida et Ossende Afana ne se sont pas retrouvés dans la liste des héros, comme dernièrement l’a payé le professeur Mendo Zé, alors que d’autres bénéficiaient des exils sanitaires.

UM ÉTAIT-IL MARXISTE ?

La sortie de MEON affirmant que Um était marxiste, contrariant ainsi Achille Mbembe qui disait le contraire, est surprenante: comment pourrait-on être protestant ( croyant ) et initié du Mbog en étant marxiste alors que celui-ci est toujours accompagné par l’athéisme ?

Est-ce que le fait d’utiliser le matérialisme dialectique et historique comme instruments d’analyses fait de l’utilisateur un marxiste ? MEON devrait se rendre compte qu’en affirmant que Um Nyobe était marxiste, il joue pour l’église catholique raciste de l’époque, tout comme pour le général De Gaulle qui a profité du début de la guerre froide pour bénéficier de l’aide de l’Otan et massacrer les upecistes.

L’UPC EST-ELLE RANCUNIÈRE ?

Tout a bien commencé puisque MEON a montré clairement l’existence de deux UPC, l’une légale, celle des collabos ou conservateurs, et l’autre nationaliste exilée et héritière des maquisards. MEON a inventé un complexe que nous les upecistes n’avons pas, il a parlé de notre rancœur pour avoir perdu la guerre, tout comme de notre désir de faire le procès de ceux qui ont gagné…

L’upecisme est essentiellement un humanisme ! Il faudrait dire que la pensée upeciste n’est pas et ne saurait être figée puisqu’elle est plutôt dynamique. Notre professeur s’est arrêté dans le temps : il n’est pas anodin de noter que déjà en 1982, après son accession au pouvoir l’UPC avait tendu la main à M Biya en l’encourageant à plus d’ouverture et de réformes du système. Aujourd’hui, fidèles à la politique de front national de Um Nyobe lors de la lutte pour la réunification et l’indépendance, les upecistes étiquetés aujourd’hui comme des radicaux, proposent depuis quelque temps une Coalition Citoyenne pour la Patrie, ayant pour objectif la solution du Contentieux historique et la fin de la guerre au Cameroun Occidental.

Pour les upecistes, l’heure n’est plus à la confrontation généralisée puisque toutes les forces vives du pays devraient être mobilisées pour le même objectif, celui de la conquête de notre souveraineté nationale.

LE PAYS AURAIT-IL ÉTÉ DIFFÉRENT SI C’ÉTAIT L’UPC QUI AVAIT OBTENU L’INDÉPENDANCE ?

Avec un objectif facile à imaginer, MEON nous a promené en prenant les exemples du FLN de l’Algérie et du MPLA de l’Angola.

Comment a-t-il réussi cette prouesse de comparer le Cameroun qui n’a obtenu qu’une autonomie à la place de l’indépendance, avec des pays qui ont obtenu de réelles indépendances ?

Comment compare-t-il un Cameroun qui ne possède même pas sa monnaie, ne célèbre jamais son indépendance, puisqu’il n’en a jamais eue, avec des pays indépendants, maîtres de leurs banques, ports, ressources naturelles, etc … et ce Cameroun qui a pour véritable propriétaire la France ?

Si des critiques sur la gestion de l’Algérie et de l’Angola sont courantes à cause de la corruption et de la mauvaise distribution des richesses, toujours est-il qu’aucune comparaison n’est possible entre ces deux pays et le nôtre.

Mais toutes ces critiques ne peuvent pas diminuer l’importante réflexion du professeur puisqu’il reconnaît courageusement que notre histoire a été biaisée, tout comme le manque de cicatrisation des blessures du passé et le rapport difficile de l’état camerounais avec son histoire, avec la nécessité de revenir sur l’histoire afin de réduire les conflits.

Le Cameroun réussira-t-il à institutionnaliser une phase de réconciliation nationale ?

Daniel Yagnye Tom

Association 27 Août 1940

Représentant spécial de l’UPC en Afrique Centrale et Australe

Président de l’Alliance Patriotique.

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