Malgré les pressions, l’avocat défenseur des droits de l’homme Khaled Ali a décidé de se présenter à l’élection présidentielle égyptienne du printemps 2018. Il est devenu célèbre après avoir mené une bataille judiciaire contre le régime du président Abdel Fattah al-Sissi au sujet des deux îles de la mer Rouge, Tiran et Sanafir, cédées à l’Arabie saoudite. L’homme est également connu pour avoir obtenu l’établissement d’un salaire minimum pour les travailleurs et fait annuler par la justice la privatisation de deux grandes entreprises publiques.
La salle est trop petite et l’on se marche sur les pieds pour l’annonce de cette candidature, mais les grands médias égyptiens ne couvriront pas l’événement. Khaled Ali estime que l’on cherche à le faire taire, il a récemment été condamné à trois mois de prison.
Malgré tout, il se lance avec prudence dans la bataille, comme l’explique son porte-parole Khaled Dawoud. « Si ce type d’obstacles se perpétuent, si on nous refuse l’accès aux médias, si nos membres sont mis en prison, on reconsidérera notre décision, mais ça prouvera à quel type de régime nous avons affaire en ce moment, souligne-t-il. Et le fait qu’ils refusent la démocratie, qu’ils refusent des élections libres, qu’ils veulent quelque chose de proche du référendum comme nous pouvions le voir sous l’ancien président Moubarak. »
Lors de son discours, Khaled Ali annonce 18 propositions dans les domaines économique, politique et social qui, selon lui, s’inscrivent dans l’héritage du 25 janvier 2011, date de la révolution égyptienne.
Un étudiant de 22 ans, Mustapha Emal, est venu le soutenir. « Khaled Ali parle de changement à un moment où la scène politique est verrouillée par le régime actuel. Ils n’acceptent aucun discours libre, ils n’acceptent pas la société civile et il est celui qui va tenir tête à ce régime. Il va ouvrir un espace pour que les gens s’organisent et mènent un vrai mouvement contre le régime actuel », espère-t-il.
En raison de la condamnation récente de Khaled Ali par la justice égyptienne, seule la commission électorale chargée d’organiser la présidentielle est en mesure de lui permettre ou non de se présenter.
François Hume-Ferkatadji
Comments
0 comments