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Pésidentielle en Égypte : vers un plébiscite pour Abdel-Fattah al-Sissi

Les Égyptiens sont appelés aux urnes du 26 au 28 mars pour le premier tour de l’élection présidentielle. Avec deux candidats en compétition, dont le président sortant al-Sissi assuré d’une victoire, les ONG dénoncent des élections «ni libres, ni équitables».

Pour la quatrième fois dans l’histoire du pays, les électeurs égyptiens pourront désigner leur chef de l’État pour les quatre prochaines années. Le premier tour qui se tiendra du 26 au 28 mars, verra certainement le président sortant Abdel-Fattah al-Sissi être investi pour un second mandat. Les dix millions d’expatriés égyptiens ont, quant à eux, déjà pu voter du 16 au 19 mars. Le résultat du scrutin est attendu le 2 avril, sans grand suspense.

• Deux candidats en lice, aucune surprise quant au résultat du scrutin

À l’ouverture des bureaux de vote ce lundi, les électeurs auront le choix entre deux papiers. L’actuel président, Abdel-Fattah al-Sissi, a annoncé sa candidature à sa réélection le 19 janvier dernier. Ancien chef des services de renseignements militaires, le maréchal al-Sissi avait été élu une première fois en mai 2014, après avoir renversé son prédécesseur issu des Frères musulmans, Mohamed Morsi, en 2013. Celui que Morsi avait nommé ministre de la Défense en 2012, avait obtenu près de 97% des voix.

Face à lui, un figurant. Moussa Mostafa Moussa, le méconnu dirigeant du parti libéral centriste el-Ghad, s’est porté candidat quinze minutes avant la clôture du dépôt des candidatures, le 29 janvier dernier, après avoir fait campagne pour son désormais adversaire. Sans représentant au parlement égyptien, Moussa Mostafa Moussa assure avoir reçu le soutien de vingt députés, le minimum exigé par la loi.

Après la série de défections et d’arrestation des autres candidats, le président al-Sissi a sans doute voulu sauver les apparences d’un scrutin pluraliste. Si aucun des deux candidats n’obtient plus de 50% des voix, un second tour sera organisé du 24 au 26 avril.

• Tous les candidats évincés

Depuis l’annonce, en novembre 2017, de la tenue des élections par le président Sissi, tous les candidats sérieux ont été mis à l’écart ou arrêtés par le régime. En décembre, l’ancien premier ministre Ahmed Chafiq, exilé aux Émirats arabes unis, a renoncé à se présenter aux présidentielles. Déjà candidat aux élections de 2012, il a été arrêté et expulsé vers le Caire après avoir fait part de son intention de candidater. Selon le New York Times, il aurait retiré sa candidature suite à des pressions du régime égyptien à propos de la réouverture d’anciennes affaires de corruption à son encontre.

Dans la foulée, le colonel Ahmed Konsowa, porté candidat, a été interpellé et condamné à six ans de prison pour «comportement nuisant aux exigences du système militaire». En janvier, Mohamed Anouar el-Sadate, neveu de l’ex-président Anouar el-Sadate, pressenti pour être le candidat du Parti de la réforme et du développement (centre), et l’avocat des droits de l’homme Khaled Ali ont renoncé à leur tour à se présenter, dénonçant des pressions sur leur équipe de campagne. Ils considèrent que les élections ne sont pas libres. Khaled Ali est par ailleurs poursuivi par la justice pour un bras d’honneur réalisé lors d’une manifestation devant le siège du Conseil d’État en janvier, ce qui l’empêche d’être candidat au regard des règles des élections de 2017.

Toujours en janvier, l’ex-général Sani Anan a été arrêté pour candidature illégale. Il s’est présenté «sans l’autorisation des forces armées», qui l’accusent d’avoir commis des crimes. Son conseiller, l‘ancien chef de l’organe de lutte anticorruption, Hicham Genena, a également été interpellé pour avoir suggéré dans la presse l’existence de documents secrets compromettants pour les dirigeants de l’État.

Les opposants au régime écartés de la course, la campagne électorale a débuté officiellement le 24 février, avec une omniprésence d’Abdel-Fattah al-Sissi dans les médias et dans les rues où les banderoles à son effigie dominent le paysage.

• Risque d’une abstention importante

Le président a affirmé ne pas briguer de troisième mandat en 2022. Ses partisans ont appelé à voter en masse. Le porte-parole de campagne d’Abdel-Fattah al-Sissi a déclaré, le 24 février, que du porte à porte serait réalisé afin de convaincre les électeurs de l’importance de la participation. Aux dernières élections, le taux de participation s’élevait à 47,45%.

• Le bilan mitigé de Sissi

Le bilan de Sissi est mitigé. En dépit de la mise en place d’un programme de réformes, initié avec une aide de 12 milliards de dollars du Fonds monétaire international, l’Égypte subit toujours de plein fouet la crise économique qu’elle connaît depuis les révoltes de 2011. Malgré une légère amélioration par rapport à 2014, le niveau de vie de la population reste au plus bas avec des prix qui ont triplé. Le contexte sécuritaire est tout autant difficile, avec le pays placé en état d’urgence depuis avril 2017 après des attentats revendiqués par l’État islamique.

• Appel au boycott de l’élection

Une coalition des partis d’opposition au régime a appelé la population à boycotter la présidentielle, qualifiée de «mascarade». Celle-ci a lancé en janvier une campagne sous le slogan «Reste à la maison», rejoignant un premier appel au boycott lancé par cinq personnalités égyptiennes, opposées au régime d’al-Sissi. Quatorze organisations de défense des droits de l’Homme ont également qualifié en mars le scrutin de «ni libre, ni équitable», dans un communiqué publié par Human Rights Watch.

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