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« Penelopegate » en France : autopsie du meurtre politique de François Fillon

Il y a un an, le « Penelopegate » éclatait. BFMTV et France 5 y consacrent dimanche et lundi deux longs documentaires.

Mais qui a eu la peau de François Fillon? Un an après que le « Penelopegate » a éclaté, deux longs documentaires reviennent sur l’un des épisodes politiques les plus intenses de ces dernières décennies. Le premier, C’était écrit: François Fillon, l’homme qui ne voulait pas être président, diffusé dimanche à 20h50 sur France 5, est le récit structuré d’une longue descente aux enfers sur fond de haines recuites tandis que le second, Qui a tué François Fillon?, diffusé lundi à 22h45 et 23h45* sur BFMTV, se présente davantage comme un thriller haletant.

Tout commence le 24 janvier 2017 alors qu’au QG de la rue Firmin Gillot (15e arrondissement), l’équipe de François Fillon tire les rois. Comme un mauvais présage, les fèves se révèlent être des chats noirs. Le porte-parole Thierry Solère n’a pas le temps de s’en inquiéter que déjà, son portable vibre de centaines d’appels de journalistes. Le Canard enchaîné vient de révéler l’affaire appelée « Penelopegate ».

Aucun informateur pour le Canard

A BFMTV, les journalistes du Canard assurent ne pas avoir eu « d’informateur qui est venu nous apporter quoi que ce soit ». « Il n’y a pas de force obscure. On a à chaque fois sollicité nous-mêmes les informations », indique Isabelle Barré, l’une des investigatrices à l’origine du scoop. Pas de quoi convaincre la défense de François Fillon. « Il y a autre chose derrière. Il y a des informations qu’ils n’ont pas pu obtenir (…), des éléments qui leur ont été fournis afin qu’ils soient publiés », conteste encore aujourd’hui Me Antonin Levy.

Les regards se tournent vers Rachida Dati, qui avait demandé sur Twitter en 2014 que François Fillon « soit transparent sur ses frais, ses collaborateurs et Force républicaine » [son micro-parti]. L’ancienne garde des Sceaux dément être à l’origine des fuites: « tout le monde savait qu’il y avait un problème de financement de son micro-parti, que certains collaborateurs étaient pas forcément rattachés au bon endroit mais tout le monde le disait, y compris à l’UMP », assure-t-elle à BFMTV. Mais, jure-t-elle, « je dis les choses, je ne fais pas de coups dans le dos ». « Je n’ai accès à aucune information particulière (…). S’il fallait mettre en cause tous ceux à qui François Fillon a fait du mal, ça ferait une longue liste », se défausse pour sa part Jean-François Copé.

Un administrateur de l’Assemblée soupçonné

Selon l’enquête de BFMTV, 95 personnes ont accès aux fiches de paie des collaborateurs de l’Assemblée nationale dont, notamment, celle de Penelope Fillon: 74 aux RH et aux ressources financières, 15 au service chargé d’envoyer les bulletins de salaires et 6 chez un prestataire extérieur qui gère le logiciel.

Selon le journaliste Bruno Jeudy, le directeur de campagne démissionnaire de François Fillon Patrick Stefanini -dont on apprend dans le documentaire de France 5 qu’il n’a voté ni Fillon ni Macron au premier tour de la présidentielle- a mené son enquête pendant la campagne. Il a remonté une piste qui l’a amené à un administrateur de l’Assemblée nationale, ancien collaborateur de François Fillon à Matignon. Mais sans arriver à prouver quoi que ce soit. Contacté par BFMTV, cet administrateur nie être à l’origine des fuites au Canard: « Ce ne sont pas mes méthodes, ce n’est pas le genre et je n’ai aucune animosité envers François Fillon ».

« Il faut être fourbe quelques fois »

La question de la source se pose moins sur l’affaire dite « des costumes » qui, dans les dernières semaines de la campagne, a enfoncé le candidat de la droite. L’avocat Robert Bourgi avait déjà avoué à Complément d’Enquête (France 2) en juillet avoir piégé volontairement le candidat LR en lui offrant 13 000 euros de costumes Arnys. Dès le 10 janvier, avant même que n’éclate l’affaire Penelope Fillon, il aurait dit à Nicolas Sarkozy: « Je vais le niquer, il ne s’en remettra pas ». L’ancien président de la République ne l’en aurait pas dissuadé. « L’expression ‘Il ne m’a pas retenu le bras’, c’est la réalité », confie à BFMTV l’avocat qui raconte aussi avoir été contacté par François Fillon la veille de la révélation du JDD. « Moi, je ne sais pas. Tu sais, il y a des fuites partout », lui a répondu Robert Bourgi qui avoue: « Je sais mentir quand il le faut. Je savais que l’homme était déjà atteint. Il était terrorisé ».

Selon son récit, il rappelle ensuite Anne Méaux, en charge de la communication du candidat LR. « Bonjour ma grande », lui dit-il. « Elle me dit: ‘Robert, qu’est-ce qui se passe? François est dans tous ses états, c’est la fin de François’, rapporte-t-il. Je lui dit: ‘écoute, moi, je ne sais pas. Mais est-ce qu’il n’est pas possible d’arrêter le JDD?’, lui dis-je de manière fourbe. Il faut être fourbe quelques fois. N’humilier jamais un être. Tôt ou tard, il vous le fera payer. »

Vexé pour n’avoir pas été invité au château?

Un récit d’un cynisme scotchant mais dont les motivations restent bien vagues. Robert Bourgi assure simplement avoir eu « la grosse colère » après les attaques de François Fillon contre Nicolas Sarkozy en août 2016. L’ancien Premier ministre avait alors demandé, dans une formule qui lui reviendra en boomerang: « Qui imagine le général De Gaulle mis en examen? ». A France 5, l’avocat assure aussi avoir été vexé pour n’avoir « jamais eu la faveur suprême d’être invité dans son château » sarthois.

Mais au long de ce chemin de croix, les ennemis de François Fillon ne sont plus les seuls à avoir la dent dure contre lui. Les amis aussi. A l’instar de Roselyne Bachelot qui se souvient de son trouble durant la campagne. « Tout le monde se rend compte que, s’il gagne, il ne peut pas gouverner, confie-t-elle à France 5. Il ne peut pas gouverner contre une France qui tape sur des casseroles. Ce n’est pas possible. Et on a finalement qu’un espoir: c’est qu’il arrive à sortir de cela. Comme devant un grand malade qu’on aime et dont on se dit qu’il faut que ça se termine. »

« Si je ne lui pardonne pas, c’est que son intelligence dans la vie, ça sert à maîtriser ses défauts. Sinon, l’intelligence ne sert à rien », lâche aussi l’ami de toujours Jean de Boishue, en référence au tempérament ténébreux et solitaire du candidat. A la fin du documentaire de BFMTV, cet intime parmi les intimes apporte peut-être l’explication finale. « Qui a tué François Fillon? C’est François Fillon. Il est mort un peu de son caractère, des faiblesses qu’il n’a pas corrigées. »

* Le documentaire sera également diffusé samedi 3 février dans l’émission « 7 Jours BFM »

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