Le président nigérian Muhammadu Buhari a déclaré qu’il allait bien à une délégation du ministère de l’Information qui lui rendait visite à Londres. Les voix commencent à s’élever au sein de la société civile nigériane, qui organise depuis lundi des sit-in de protestation dans Abuja pour demander au président de « rentrer ou démissionner ». Les manifestants se réunissent quotidiennement car ils n’ont aucune information concernant leur président Muhamadu Buhari. Il est hospitalisé à Londres depuis plus de trois mois, ce qui alimente les rumeurs sur son véritable état de santé.
« Je vais bien. Je pense que je pourrais rentrer à la maison, mais ce sont les médecins qui décident », a affirmé Muhammadu Buhari, selon un communiqué du ministère de l’Information publié samedi dans la capitale fédérale nigériane.
« J’ai appris à obéir aux ordres plutôt que de les donner », a poursuivi le président dans ces propos toujours cités dans le communiqué, sans que cette déclaration soit relayée par un message audiovisuel du chef de l’Etat.
Une déclaration alors que des voix commencent à s’élever pour demander au président nigérian de « rentrer ou démissionner ». Plusieurs centaines de personnes manifestent depuis le début de la semaine à Abuja au Nigeria et simultanément à Londres.
« Revenez ou renoncez » !
« Revenez ou renoncez » ! C’est le mot d’ordre scandé dans les rues et les espaces verts par les mouvements Our Mumu Don Do (« Ça suffit la docilité », en langue hausa) et le collectif des Nigérians inquiets (Concerned Nigerians).
« Nous demandons que soit le président reprenne ses fonctions, soit il se retire de ses fonctions parce qu’il y a trop d’incertitudes. L’impatience et la colère montent dans le pays à cause de son absence. Et nous sommes profondément inquiets de ne pas savoir ce que devient notre président, explique Adebayo Raphael, membre du collectif Our Mumu Don Do. Le gouvernement ne nous dit rien. Ils ne nous disent pas ce qu’il a comme maladie. Ils ne nous disent pas s’il souffre d’un simple mal de tête ou si c’est grave. Ils ne nous disent même pas au moins combien de temps il restera absent. »
« Ils nous ont dit, poursuit-il : « Vous ne devriez pas continuer, vous faites honte à notre nation ». Nous leur avons répondu : « Ce qui est plus embarrassant, c’est le fait que le président de notre pays est à l’extérieur depuis 90 jours et que ça n’a l’air de déranger personne ». De toute évidence, notre nation manque de leadership. Et c’est vraiment dommage pour un pays que l’on surnomme « le géant de l’Afrique ». »
De rares photos et un message sonore
Les manifestants comptent les jours. Le président Buhari n’a plus donné d’interview télévisée depuis qu’il s’est rendu à Londres en mai dernier pour ce qui est officiellement un « congé médical ».
Durant son absence, c’est le vice-président, Yemi Osinbajo, qui assure ses fonctions. Le président par intérim lui a rendu visite et assuré qu’il serait bientôt de retour, sans toutefois préciser une quelconque date.
Les Nigérians ont dû se contenter d’un message vocal diffusé pour marquer la fin du mois de ramadan et de rares photos du président.
Il a fallu attendre le 26 juillet pour qu’une première image de Muhammadu Buhari apparaisse sur les réseaux sociaux : le compte Twitter de la présidence de la République a diffusé une photo sur laquelle on le voit, à Londres, en compagnie de cadres et de gouverneurs de l’APC, son parti.
Et la dernière remonte au 4 août dernier. On le voit souriant avec l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, à la maison d’Abuja de Londres.
Les politiques réagissent eux aussi. Peter Ayodele Fayose, le gouverneur de l’Etat d’Ekiti, dans l’ouest du pays, rappelle sur Twitter que Muhammadu Buhari avait lui-même appelé à la démission de l’ancien président Umaru Yar’Adua en 2009. Le chef de l’Etat était hospitalisé pendant des semaines à l’étranger, sans aucune information sur son état de santé.
A (RE)LIRE → Où les chefs d’Etat africains se font-ils soigner ?
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