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jeudi, mars 28, 2024
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Mon rêve d’une révolution pacifique au Cameroun

Par:Hugues Nkouatchet Wandji Hugues Nkouatchet

Ce pays nommé Cameroun n’est pas seulement le cœur d’Afrique par sa position et la richesse de sa population dont les origines diverses s’étendent dans quasiment toutes les aires géographiques du continent. Il est aussi au cœur de la tragédie africaine, abritant l’un des régimes politiques les plus obscures et les plus attardés de la planète. La révolution pacifique dont je veux parler aujourd’hui est politique. En fait, je devrais l’appeler pré-révolution, parce que la vraie révolution dans ce pays sera culturelle et elle surviendra nécessairement après la pré-révolution qui, elle, devrait débarrasser d’abord le pays d’un leadership extraverti, contre-productif, producteur de misère et intrinsèquement incapable de construire un cadre favorable à la vraie révolution.

Une occasion rare se présente au peuple camerounais en cette année 2018 de conjurer le sort qui semble lui avoir été jeté depuis l’effacement de ses défenseurs les plus illustres, de Rudolph Douala Manga Bell jusqu’à Ernest Ouandie, en passant par Oum Nyobe et autres Ossende Afana. L’espoir de voir cette révolution s’opérer repose actuellement entre les mains des principaux opposants candidats déclarés à la présidence du Cameroun. Il est de leur responsabilité historique de montrer par leurs agissements, en ces temps décisifs, qu’un autre destin est envisageable au pays du char des dieux, que celui de la vie végétative à laquelle une gestion calamiteuse a réduit les braves hommes et femmes de ce pays.

Une gestion maffieuse qui, à force de durer, a forgé une incroyable culture d’autodestruction au Cameroun. Parce que, comme disent nos frères ivoiriens, ce n’est pas lui (ici le chef de file de l’ordre maffieux), c’est nous même. Pour qu’un Monsieur au bilan aussi désastreux prenne tout un peuple en otage, il faut que son venin se soit complètement emparé de ce peuple-là, que celui-ci en soit devenu tétanisé, zombifié pour dire comme le Général Valsero. Le venin de la division, de l’égocentrisme, de la méchanceté et du mépris absolu de ses propres compatriotes. Voilà un pays qu’on dit souvent peuplé d’hommes et de femmes sages, intelligents, qui se trouve aujourd’hui au bord d’une profonde déchirure du fait d’un seul individu qui s’est donné le défi de mourir au pouvoir contre vents et marrées. C’est un secret de polichinelle bien connu des camerounais que l’ambition ultime de ce méchant Monsieur est de mourir au pouvoir, que tout ce qui lui reste comme énergie est destiné à la conservation de son pouvoir et rien d’autre, quitte à laisser un pays complètement en lambeaux et déchiré par une absurde guerre fratricide. Il ne veut surtout pas perdre le privilège d’aller en villégiature la moitié de l’année en Suisse aux frais des pauvres camerounais. Dans sa logique et ses calculs de conservation coûte que coûte du pouvoir, il a par exemple laissé sciemment pourrir la situation dans le NO/SO, au gré des vies de nos frères et sœurs qui meurent chaque jour dans cette partie du pays à cause de cette situation. Ce faisant, le dictateur camerounais a réussi l’exploit de rendre l’idéologie sécessionniste ultra populaire dans cette partie du pays. Qui l’eût cru ? Lui qui a attisé le feu de la division chez les Camerounais par ses pratiques, croit pouvoir tromper qui que ce soit avec des slogans creux du vivre ensemble, que ses créatures et suiveurs chantent comme des perroquets. L’ironie ici est qu’on parle du vivre-ensemble aux camerounais, et c’est chez les diplomates occidentaux, français en l’occurrence, qu’on fait semblant d’aller cherchez les astuces pour sortir de cette galère. Une telle infantilisation échappe évidemment aux panafricanistes alimentaires du G-Faim (G20). Pourtant il suffit juste de parcourir les rues de Kololoun à New Bell pour recueillir les meilleures solutions, pour le vivre ensemble, inspirées de la sagesse du vrai peuple. Et comme la honte n’existe plus au Cameroun, il est fort possible que surgisse bientôt même un G-Soif (G60) qui viendra appuyer la théorie selon laquelle le Cameroun ne mérite pas mieux qu’un roi fainéant.

Seulement, voilà, toute l’Afrique nous regarde en rigolant. C’est maintenant ou jamais que les camerounais doivent montrer au monde ce qu’ils valent comme peuple. C’est ici qu’on saura si l’âme des héros suscités peut vraiment inspirer ce peuple ou si cette âme-là avait été prise en captivité éternelle par les colons. A défaut d’une révolution démocratique à laquelle appelait encore récemment le Président Maurice Kamto du MRC, il faut déjà procéder à une révolution stratégique, puisqu’à la réalité, c’est une hérésie que d’utiliser le mot démocratie dans le contexte camerounais où le régime de Yaoundé ne fait même plus d’efforts pour cacher son intention de tricher lors des élections (bureaux de vote dans les casernes militaires, chez les chefs de villages et dans l’enceinte du palais présidentiel). C’est vrai que le pouvoir de Yaoundé a su embrouiller même jusqu’aux opposants les plus lucides qui se surprennent parfois à parler du Cameroun comme si c’était un pays normal. Alors qu’il est exactement question maintenant de faire mourir le chef bandit dans son propre film, pour paraphraser Sosthène Médard Lipot du MRC. Le faire mourir dans son propre film, c’est placé le peuple dans des dispositions psychologiques pour mettre le dictateur en déroute sur son propre terrain. Ceci n’est possible que si l’opposition (la vraie) se trouve un dénominateur commun (pour emprunter à Maître Akéré Muna) autour d’un candidat qui aura pour mission de normaliser la vie publique et démocratique au cours d’un mandat unique de 5 ans par exemple comme vient de le proposer Cabral Libii. Ce serait là le sacerdoce et la contrepartie pour l’heureux élu, de mettre les institutions du pays sur les rails sans intentions malhonnêtes de confiscation du pouvoir telle que pratiquée au Cameroun depuis 36 ans (mon Dieu, presque 4 décennies !). Les camerounais réapprendraient des valeurs simples comme le respect des institutions et de la parole donnée, le respect d’autrui, le respect de la chose publique, etc.

Il serait illusoire pour quiconque se la jouerait solo dans l’intention d’occuper juste l’espace et se positionner en grand challenger en attendant la chute du président éternel pour s’emparer de son fauteuil.. La culture du désastre que le potentat de Yaoundé a installée au Cameroun pourrait alors lui survivre, parce que même le dernier fragment résistant du peuple se serait résigné à ce destin funeste, et ne pourrait même plus se soulever après une prochaine manipulation pour instituer une dynastie avec les Brenda, Junior, Franck. Pour échapper à cela, il faut impérativement un mandant de normalisation du pays, après plus de 3 décennies de banditisme d’Etat au plus haut niveau. Tous les camerounais ayant encore un brin d’humanisme n’attendent rien de moins de ça, y compris un bon nombre de ceux qui disent hypocritement encore croire à un miracle du parti au pouvoir après 36 années d’échec cuisant dans tous les domaines de la vie publique. Même un enfant du village sait que rien ne marche dans ce pays, dixit Serge Espoir Matomba du PURS récemment sur un plateau de télévision. Le constat d’Echec est donc la chose la mieux partagée entre les camerounais. En revanche, là où tout le monde attend l’opposition, c’est la capacité de ses leaders à montrer qu’ils ont conscience que les enjeux sont au-dessus de chacun d’eux et même de tous à la fois, pour reprendre cette Maxime récemment rappelée par le Président du mouvement Now sur sa page facebook. Même l’honorable Joshua Osih du SDF a abandonné la légende du Camion qui doit tirer les motos pour reconnaître que le sursaut collectif de l’opposition sera déterminant dans les prochaines semaines.

Messieurs les leaders de l’opposition, maintenant que tout le monde a fait le constat, et que vous savez très bien que les yeux du peuple sont tournés vers vous avec plein d’espoir, il vous appartient de mettre sur pied une plateforme de normalisation du pays. Toute échappatoire ne vous sera pas tolérée. Ayez en tout temps conscience que les enjeux sont au-dessus de tous et de chacun et soyez prêts à faire de grosses concessions pour le bien de tous. Montrez-nous que les camerounais pourront un jour vivre dans un pays où chaque ministre n’est pas d’abord ministre du village où le potentat l’encourage à aller fêter sa nomination pour s’assurer une clientèle villageoise et sectaire, dans un pays où des lois fondamentales inscrites dans la constitution ne restent pas inappliquées pendant plus de 20 ans pour faire plaisir au monarque et par peur d’égratigner son pouvoir. Démontrez-nous qu’un pays ne peut pas avoir produit les Manu Dibango, Richard Bona, la famille Decca, Mongo Beti, Bernard Fonlon, Fabien Eboussi Boulaga, Celestin Monga, Achille Mbembe (vous pouvez aisément continuer cette liste) et devoir fatalement rester culturellement désorienté. Montrez que lorsqu’une terre a vu naître les Mbappe Leppe, Samuel Eto’o en passant par Thomas Nkono, Théophile Abega, Roger Milla, elle mérite mieux que des stades en préfabriqués et autres bricolages de dernières minutes pour accueillir une simple CAN. Montrez au monde que lorsqu’un pays, même ex-colonisé, regorge d’immenses potentialités humaines et en ressources, il peut prétendre jouer dans la cour des très grands. En fin, faites mentir par votre intelligence, la théorie qui voudrait que la révolution violente soit l’horizon indépassable des peuples qui veulent s’affranchir des serres de leurs bourreaux endogènes et exogènes. Une révolution non violente est possible si une bonne dose de volonté et de dépassement de soi y est.

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