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Joseph Kony, l’insaisissable chef de guerre recherché par les Etats-Unis

Joseph Kony, traqué sans succès depuis des années par des forces étrangères en Afrique centrale, a troqué l’aube d’enfant de choeur contre le treillis du rebelle, semant depuis 25 ans la mort dans la région, à la tête de la cruelle Armée de résistance du Seigneur (LRA).

Créée vers 1988 avec l’objectif de renverser le président ougandais Yoweri Museveni pour le remplacer par un régime fondé sur les Dix commandements, la LRA s’est forgée une effroyable réputation à force d’enlèvements d’enfants et de mutilations de civils à grande échelle.

Mélangeant mystique religieuse, techniques éprouvées de guérilla et brutalité sanguinaire, Kony a transformé, après les avoir kidnappés, des dizaines de milliers de garçonnets en soldats dociles et de fillettes en esclaves sexuelles.

Ce prophète auto-proclamé a été chassé avec la LRA du nord de l’Ouganda en 2006 et a poursuivi ses exactions avec un contingent amaigri de partisans en République démocratique du Congo (RDC), en Centrafrique, au Soudan et au Soudan du Sud.

Au rythme des traques menées inlassablement par les armées de la région, appuyées par une centaine de membres des forces spéciales américaines, la LRA a désormais été réduite à « l’insignifiance », estiment les Etats-unis, qui vont retirer leur contingent de Centrafrique à partir de mercredi.

Et pourtant, Joseph Kony reste introuvable, lui qui a été pourchassé dans les forêts équatoriales impénétrables. Comme depuis longtemps, sa localisation exacte reste floue même si de nombreux rapports ces dernières années ont conclu qu’il se trouvait du côté de Kafia Kingi, une région dans le sud du Darfour contrôlée par Khartoum.

– Pouvoirs surnaturels –

Les informations sur Kony sont rarissimes. Le peu d’éléments biographiques disponibles proviennent d’ex-combattants de la LRA et de nombreuses ex-« épouses », ayant fait défection ou ayant été faits prisonniers ou libérés par l’armée ougandaise.

Sa date de naissance précise est inconnue mais il est supposé avoir vu le jour au début des années 1960, dans le département de Gulu, dans le nord de l’Ouganda. Issu de la minorité Acholi, on sait juste que son éducation se limite à l’école primaire.

Il rejoint, en 1987, le Mouvement du Saint-Esprit (HSM) fondé par la rebelle messianique Alice Auma Lakwena pour combattre le président Museveni, qui venait de renverser des dirigeants issus du nord du pays.

Alice Lakwema, ex-prostituée décrite comme sa cousine ou sa tante, s’exile cette même année au Kenya et, sous la houlette de Kony, une faction du HSM devient la LRA.

Les rares photos disponibles de celui qui se fait appeler « Professeur », « Saint Père » ou « Grand Maître » par ses partisans, montrent un moustachu au physique banal, de taille moyenne, en treillis militaire.

Ceux qui – de gré ou de force – l’ont côtoyé, racontent qu’il régit tout, de la tactique militaire aux règles d’hygiène personnelle, terrifiant ses subalternes en affirmant recevoir ses ordres du Saint-Esprit. D’anciens proches le créditent de pouvoirs surnaturels, le disant capable de « lire dans vos pensées ».

– ‘Volonté de Dieu’ –

D’ex-« concubines » rencontrées par l’AFP en 2006 lui attribuent une soixantaine de femmes et au moins 42 enfants. Il « affirme exaucer la volonté de Dieu », avait raconté l’une d’elles, Evelyn, kidnappée par la LRA et forcée d' »épouser » Joseph Kony avant d’être libérée par l’armée ougandaise.

Les exactions de Kony et sa politique d’enlèvements d’enfants lui ont rapidement fait perdre le soutien des populations du nord, pourtant très hostiles au gouvernement Museveni, qui déplacera de force – officiellement pour les protéger – deux millions de personnes dans le cadre de sa lutte anti-LRA.

Le chef suprême de la LRA n’est qu’exceptionnellement apparu en public. En 2006, il assurait à un journaliste occidental, un des rares étrangers à l’avoir rencontré, qu’il n’était « pas un terroriste » et combattait « pour la démocratie ».

Ses victimes, elles, racontent avoir été forcées de mutiler ou tuer leurs amis, voisins ou proches, quelquefois en les mordant jusqu’à la mort, et parfois de boire le sang de leurs victimes dans le cadre de rites effroyables.

Toutes ces exactions vaudront à Kony de devenir, en 2005 et en compagnie de quatre de ses adjoints, le premier suspect inculpé par la Cour pénale internationale (CPI), qui leur reproche des crimes contre l’humanité et crimes de guerre, au nombre desquels meurtres, viols, esclavagisme, enrôlement d’enfants.

Avec AFP

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