Il a souvent été présenté comme un « militant antisida au Cameroun qui ne se laisse pas intimider.» Fogue Foguito sait bien porter cette casquette. Membre fondateur de Positive Generation, organisation de la société civile camerounaise qui œuvre pour le respect des droits des personnes affectées par le Vih/Sida, il a plusieurs fois fait entendre sa voix dans ce sens. Il sait que, comme tout autre travail, le sien, qui est à but non lucratif et sans rémunération, n’est pas facile.
Les principales difficultés rencontrées avec ses partenaires sont celles de « l’accès à l’information et au respect de notre travail», souffle-t-il. Il déplore l’attitude de ceux qui auraient pu encourager leur action. « C’est frustrant de mener une telle activité et de voir qu’en face on ne la respecte pas. Il y a aussi la perception des tierces parties telles que les médias, qui pensent très souvent (au regard de leurs écrits sur nos actions) que des personnes comme moi ont « manqué quoi faire » », s’étonne Fogue Foguito. Parlant encore des médias, il ira plus loin en disant : « Ils ne nous prennent pas comme des sources d’information mais plutôt comme des sources de financement. Nous ne disons pas que nous ne finançons pas les médias, nous le faisons avec notre principal moyen qu’est la fourniture permanente et continue de l’information stratégique.»
L’activiste poursuit malgré tout son pénible chemin. « Donc nous surmontons les difficultés en faisant comme Sisyphe c’est-à-dire en recommençant chaque fois et aussi en cherchant au maximum à dialoguer et nous faire comprendre », relève-t-il. Lui et d’autres activistes avaient expérimenté la voie d’une manifestation publique pour revendiquer l’application de la déclaration d’Abuja signée en 2001 dans cette ville nigériane par des chefs d’Etat et de gouvernement. Ceux-ci avaient alors pris l’engagement d’amener à 15% du budget global, l’enveloppe consacrée au secteur de la santé dans leurs pays respectifs. C’est ainsi qu’est née la Coalition 15%. Avec à l’actif, une interpellation, une garde à vue et un procès pour trouble à l’ordre public.
Fogue Foguito ne laisse aucune occasion de se faire entendre dans ses revendications. Il a récemment publié une étude sur l’accès aux services de santé. « Dans notre rapport, nous démontrons qu’au cours de l’année 2014, la hausse unilatérale des coûts de soins et services dans les formations sanitaires constitue un obstacle majeur à l’accès aux services de santé. C’est d’ailleurs pour cela nous avons émis des recommandations ciblées (c’est-à-dire adressées à chaque partie prenante) », déroule celui qui garde un mystère autour de son affiliation, de son cursus scolaire et académique et sur son statut familial. « Face à cette situation nous proposons un respect strict des textes et que les autorités sortent du discours pour l’action c’est-à-dire qu’ils cessent d’annoncer des choses qu’ils ne vont pas veiller à la mise en œuvre effective. Autre solution envisagée c’est de porter plainte devant les tribunaux administratifs du pays pour contraindre le gouvernement ou les autorités à faire leur travail », propose-t-il.
Il se satisfait des échecs lui permettant de repartir du bon pied et les succès renforcent sa confiance en l’idéal de son équipe et à leur rêve d’une société camerounaise et à l’accès équitable aux soins pour tous. Il compte poursuivre le combat pour le respect de la déclaration d’Abuja et surtout la mise en œuvre de la couverture sanitaire universelle au Cameroun. En invitant les entreprises camerounaises à faire davantage en ce qui concerne leur responsabilité sociale c’est-à-dire de faire moins de folklore médiatique et plus d’action.
Adrienne Engono Moussang
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