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Espagne : qu’est devenu la Catalogne, deux mois après les élections ?

Les élections du 21 décembre, remportées d’une courte avance par les indépendantistes, n’ont toujours pas débouché sur l’instauration d’un gouvernement. La situation bloque sur la personne de Carles Puigdemont.

Deux mois après les élections, la situation n’a pas progressé en Catalogne. L’absence d’avancée politique ne signifie cependant pas que tout est figé. On pouvait s’attendre, au lendemain de l’élection, à l’affrontement de deux blocs: les unionistes face aux indépendantistes, campant sur leurs positions. Il apparaît que chacun avançant ses pions et que les alliances d’hier ne semblent plus aussi solides aujourd’hui.

• Une région toujours dirigée par Madrid

Après la proclamation de l’indépendance de la République catalane, le 27 octobre dernier, le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a suspendu le gouvernement de la Généralité et dissout son Parlement, plaçant la province sous la tutelle directe de Madrid. Les élections du 21 décembre, remportées d’une courte avance par les indépendantistes, n’ont pour le moment pas débouché sur l’instauration d’un gouvernement, fait qui aurait entraîné une normalisation de la situation. Or, le gouvernement central a prévenu que l’administration directe de la Catalogne ne cessera pas tant qu’un président n’aura pas été «physiquement» investi.

• Le cas Puigdemont

C’est justement cette présence physique qui pose problème. Carles Puigdemont, l’ancien leader Catalan qui a tenté de proclamer l’indépendance, actuellement sous le coup d’un mandat d’arrêt en Espagne, s’est réfugié à Bruxelles. Le blocage de la situation actuelle tient en grande partie à son sort, et la possibilité qu’il soit élu président. La Cour constitutionnelle a posé des conditions très strictes pour une éventuelle investiture, exigeant qu’il soit présent au débat, à Barcelone. Cela présuppose qu’il se rende dans un premier temps aux autorités espagnoles et qu’il formule ensuite, auprès du juge qui le poursuit pour rébellion et sédition, l’autorisation de se présenter devant le parlement pour défendre sa candidature. Un saut vers l’inconnu qu’il ne semble pas décidé à effectuer pour le moment.

• Des indépendantistes divisés

Au lendemain de l’élection, fin décembre, un accord entre les principales formations indépendantistes laissait entendre une future collaboration, grâce à une courte majorité. En janvier, elles parvenaient à faire élire Roger Torrent président du parlement. Âgé de 38 ans, il est le plus jeune à avoir jamais occupé ce poste, cela grâce à une alliance d’Ensemble pour la Catalogne (PdeCAT, le parti de Puigdemont), de la Gauche républicaine (ERC) et de la Candidature d’unité populaire (CUP).

Face au casse-tête Puigdemont, certains élus indépendantistes ont imaginé une parade: faire élire une très proche de l’exilé, Elsa Artadi, ancienne porte-parole du parti pendant la campagne, et confier un poste spécialement créé à Puigdemont, qui pourrait ainsi continuer à diriger la Catalogne depuis Bruxelles. Une situation dont Madrid ne veut pas, et qui justifierait, à ses yeux, de prolonger la tutelle sur la Généralité.

Les indépendantistes se divisent aujourd’hui sur le nœud du problème: la personne de Puigdemont. Certains estime qu’il va falloir le sacrifier afin de rester dans la légalité et ainsi débloquer la situation. D’autres restent campés sur leurs positions et souhaitent que l’ancien président reste à la tête de la Catalogne.

• Les unionistes rivalisent à Madrid

On aurait pu croire qu’une dissension dans le camp indépendantiste profiterait aux unionistes. Il n’en est rien. Ciudadanos, premier parti au Parlement catalan, a décidé de jouer sa propre carte au niveau national, critiquant «l’immobilisme» du Parti populaire sur la situation catalane, alors que les deux partis sont censés être alliés au niveau national. Et il n’y a pas que la Catalogne qui sème le trouble entre les deux: les sujets de dissension s’accumulent. La jeune formation de centre droit, qui monte en flèche dans les sondages, se voit pousser des ailes et s’imagine bien remplacer à terme le vieux Parti populaire. «Nous sommes dans une législature transitoire. Le neuf n’est pas encore arrivé, et le vieux n’est pas encore mort», explique Albert Rivera, le président de Ciudadanos. Les prochaines élections sont prévues en 2020. La route va être longue, à Barcelone comme à Madrid.

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