En Espagne, l’enquête se poursuit après le double attentat de Barcelone et de Cambrils. Alors que le gouvernement affirme avoir démantelé la cellule terroriste responsable des attaques qui ont fait 14 morts et plus de 120 blessés, la police catalane n’a pas souhaité encore confirmer cette information.
Toute l’attention de la police catalane se concentre désormais sur un Marocain de 22 ans, Younès Abouyaaqoub. Pour les autorités, c’est probablement lui qui conduisait la camionnette qui a fait un carnage sur les Ramblas jeudi, avant de l’abandonner et de prendre la fuite à pied.
Le ministre de l’Intérieur espagnol s’est voulu rassurant, samedi : la cellule terroriste a été démantelée, a-t-il affirmé. Une information que les Mossos d’Esquadra, la police catalane, n’ont pas souhaité confirmer. Pour l’heure, quatre suspects sont toujours en garde à vue, cinq ont été tués et un est donc toujours activement recherché.
L’enquête se dirige également vers Ripoll, paisible bourgade au pied des Pyrénées où les suspects ont grandi (voir notre reportage en encadré). La police a perquisitionné le domicile d’un iman qui pourrait être l’une des personnes tuées dans l’explosion – probablement accidentelle – d’une maison à Alcanar, au sud de Barcelone, où la cellule préparait des opérations de grande envergure. D’après les enquêteurs, l’iman a peut-être joué un rôle dans la radicalisation des auteurs présumés des attentats.
Les origines marocaines des suspects
Parmi les suspects, au moins quatre – dont celui toujours en fuite – sont originaires de la même région de Khénifra au Maroc.
Il y a tout d’abord cette fratrie : Driss Oukabir, arrêté par la police à Ripoll en Catalogne, et Moussa Oukabir, son cadet. Ce dernier, âgé de 17 ans, a été abattu par les forces de l’ordre avec deux autres assaillants, eux âgés de 18 et 24 ans.
S’ils se sont connus en Espagne, tous sont originaires de petits patelins de la région de Khénifra, zone enclavée perchée dans les montagnes du Moyen Atlas.
Très liés à leur pays d’origine, les frères Oukabir vivaient même entre le Maroc et l’Espagne, sur les traces de leur père venu s’installer en Catalogne dans les années 1990 avant de rentrer définitivement au pays. Ses proches décrivent des jeunes sans histoire, n’ayant donné aucun signe de radicalisation.
La région berbérophone de Khénifra survit principalement grâce à l’élevage, l’agriculture, mais aussi au transfert d’argent des Marocains établis en Europe. Dans cette zone enclavée, l’eau potable manque régulièrement et les hivers rigoureux bloquent les routes, privant les habitants des villages reculés des infrastructures de base.
Soucieuses de ne pas provoquer une nouvelle contestation populaire similaire à celle en cours dans le Rif marocain, les autorités se sont penchées il y a près d’un mois sur cette zone sinistrée. Le gouvernement a annoncé qu’il consacrerait l’équivalent plus de 5 milliards d’euros à cette province afin de doper la morne économie de la région.
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