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Entretien avec le Pr SHANDA TONME à Propos de son dernier ouvrage entièrement consacré à la femme

« Femme, Maternité et Préjudices sociétaux Anthropologie des souffrances féminines »

LM : Pr, mais vous n’arrêtez pas de nous surprendre. On vous attend dans ce que nous pensons que vous faites le mieux, ou du moins sur les choses qui relèvent de votre expertise avérée, et voici que vous rebondissez dans un ouvrage plutôt passionné sur la cause féminine. Alors ?

ST : Mais non, vous avez tort, franchement tort. Je ne vois pas les choses ainsi. Même ces histoires d’expert en ceci et en cela procèdent d’une lecture négative et réductionniste des intelligences au regard de nos vécus sociaux. Parler de la femme, plaider pour la femme, sa place, son rôle, sa dignité et sa considération me semblent élémentaire comme devoir aujourd’hui.

LM : Que voulez-vous insinuer, que c’est tout le monde qui devrait se mettre dans votre école pour parler de la cause de la femme ?

ST : Mais non, plutôt que nous avons tous un égal droit et un égal devoir quand il s’agit de lutter contre les injustices, de condamner les préjudices et de dénoncer les travers que secrète notre société.

LM : Savez-vous que de nombreux hommes ne partagent pas cette vue ?

ST : C’est leur problème. Ils savent pourquoi ils affichent une telle attitude négative. A mon sens, la défense des femmes, la promotion des droits des femmes et de leur dignité, est une très grande cause, une cause universelle sublime, sacrée même. Je n comprends pas par exemple comment on peut se mettre à violenter une femme, la tuer à coups de pieds et de poings, après avoir fait des enfants, après avoir une vie commune, après avoir user de tous les subterfuges pour la conquérir. En plus, parlons des viols, des brimades d’inconnus, des injustices administratives, des excisions. C’est trop, il faut se lever pour la femme, pour nos mamans, nos amies et nos sœurs.

LM : Ne pensez-vous pas que la journée de la femme est mal exploitée ?

ST : C’est relatif. C’est la symbolique qui importe, le principe de consacrer une journée qui témoigne, qui interpelle, qui rappelle et conscientise. Ne vous concentrez pas sur les dérapages, il y en aura toujours, particulièrement au pays des fêtards.

LM : Pensez-vous que notre pays fait suffisamment pour les femmes, sinon que faire et comment aborder la question ?

ST : N’allez pas chercher trop loin. Je vous signale par exemple le problème des pensions, des mères seules avec des playboys en cavale, des jugements biaisés où à chaque fois la femme est en souffrance et victime. Non, nous ne faisons pas assez. Il faut vraiment se lever comme je dis, sinon, notre société déjà fortement patriarcale, va être d’avantage arriérée.

LM : Que faire donc ?

ST : Il faut déjà régler la question de la parité homme/femme dans toutes les instances, à tous les niveaux, partout dans les nominations et dans les élections. Voyez par exemple ce que font le Rwanda et l’Ethiopie, avec une parité complète au parlement et au gouvernement. Plus il y a des femmes responsables, plus un pays est bien géré, bien gouverné. C’est prouvé. Par ailleurs, il faut sanctionner très sévèrement les violences faites aux femmes, renforcer les lois et punir sans pitié ni réserves les hommes coupables de ces brutalités et ces crimes bestiaux.

LM : Maintenant, parlons de la motivation de l’ouvrage. Qu’est-ce qui vous a décidé à écrire un tel livre ?

ST : D’abord, un vrai citoyen de notre monde d’aujourd’hui doit être transversal, au-dessus des sectarismes. Il doit pouvoir embrasser tous les problèmes de la société et mener des réflexions d’orientation et d’appropriation, de mobilisation aussi. J’ai vécu quelque chose de terrible, d’unique, en étant témoin des souffrances de mon épouse qui a failli faire une éclampsie en accouchant notre dernière fille. Elle a été heureusement sauvée, parce que j’avais les moyens disponibles. Mais combien meurent ainsi ? Combien subissent le martyr et disparaissent dans l’anonymat. C’est effroyable.

LM : Vous semblez avoir été très marqué voire touché par votre expérience ?

ST : Oui, effectivement, et je peux affirmer que la grossesse est une situation exceptionnelle pour une femme. Un corps qui change, qui se métamorphose, et la pauvre maman n’est même pas assurée dans certains cas, de sortir vivante de cette épreuve. Comment avec tout cela, supporter que des voyous, des mécréants, des irresponsables et des criminels à visage humain brutalisent les femmes. Au Brésil par exemple, une femme meure toutes les deux heures des suites des violences d’un homme. C’est trop grave. IL faut arrêter tout ça.

LM : Merci professeur. On espère que les mamans vont se consoler en vous entendant embrasser leur défense avec autant de passion.

Entretien réalisé le 06 Mars 2019

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