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En Afrique, chaque heure, 34 jeunes femmes sont contaminées par le sida

Dans le monde, le sida reste la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans. Une situation que dénoncent plusieurs associations à l’occasion de la journée du droit des femmes, mardi 8 mars.

C’est un chiffre saisissant. Chaque heure en Afrique, environ 34 jeunes femmes sont contaminées par le virus du sida. Sans jamais avoir eu, dans l’immense majorité des cas, les moyens d’empêcher cette infection. « La vulnérabilité des femmes face au VIH est énorme, notamment en Afrique. Et tout l’enjeu est de comprendre que le sida n’est pas uniquement un problème médical. C’est aussi un sujet politique, qui concerne les droits des femmes et leur capacité à devenir autonomes, socialement et économiquement », explique le docteur Bintou Dembele, directrice de l’association Arcad-sida au Mali et administratrice de Coalition Plus, qui regroupe plusieurs associations francophones.

Chaque semaine, 7 000 jeunes femmes contaminées en Afrique

À l’occasion de la Journée des droits des femmes, mardi 8 mars, Coalition Plus souhaite rappeler une réalité douloureuse : le sida est toujours, à l’échelle mondiale, la première cause de mortalité chez les femmes de 15 à 44 ans. « Les jeunes filles sont deux fois plus susceptibles d’être exposées au risque d’infection que les jeunes garçons. Elles sont 7 000, chaque semaine, à être contaminées par le VIH. Dans les pays d’Afrique australe et orientale, elles représentent plus de 80 % des nouvelles infections chez les 15-24 ans », soulignent les associations.

En Afrique subsaharienne, 58 % des personnes infectées sont des femmes

Selon l’Onusida, 36 millions de personnes vivent avec le VIH dans le monde. Parmi elles, à peu près autant d’hommes que de femmes. Mais en Afrique subsaharienne, qui compte près de 25 millions de personnes infectées, les femmes représentent 58 % des personnes séropositives. Un pourcentage global qui masque des disparités fortes. « Dans certains pays, la prévalence du VIH chez les jeunes femmes et les adolescentes est jusqu’à huit fois supérieure à celle des jeunes hommes », souligne l’Onusida.

Une inégalité biologique

La première inégalité est d’ordre biologique. Lors d’un rapport sexuel, le risque de transmission du virus est en effet deux fois plus élevé de l’homme vers la femme, qui présente une surface plus grande de muqueuses exposées aux sécrétions sexuelles et aux micro-déchirures pouvant faciliter la transmission du virus. « La contamination se fait aussi plus facilement chez les jeunes filles qui ont une muqueuse vaginale encore immature », précise le professeur ­Hakima Himmich, présidente de Coalition Plus et figure historique de la lutte contre le sida au Maroc.

Des femmes souvent contaminées dans le cadre du mariage

Cette vulnérabilité biologique est cruciale car les filles sont souvent exposées très tôt au risque du VIH, dans le cadre de violences sexuelles ou dans le cadre du mariage. « Les jeunes femmes et les adolescentes contractent le VIH cinq à sept ans plus tôt que les jeunes hommes », souligne l’Onusida qui estime à 120 millions le nombre de filles victimes de viols ou de rapports sexuels contraints à un moment de leur vie.

Mais ces violences n’expliquent pas tout. « Dans un grand nombre de cas, les femmes sont contaminées dans une relation stable et maritale », souligne Jeanne Gapiya, présidente de l’association nationale aux séropositifs et malades du sida au Burundi (ANSS).

Une dépendance sociale et économique

Mariées et exposées au virus du sida. Sans avoir le moindre mot à dire en matière de prévention. « Même lorsqu’elle sait que son mari est infidèle, une femme ne peut se refuser à lui, ni lui imposer le préservatif. Car dans bien des cas, elle a un statut très précaire et se retrouve en situation de dépendance économique vis-à-vis de son mari », souligne Bintou Dembele.

La dépendance des femmes constitue un facteur de risque majeur face au sida.« Des études menées dans des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ont démontré que les femmes, financièrement plus autonomes, négociaient plus facilement l’usage du préservatif avec leurs maris. En revanche, la pauvreté et l’analphabétisme sont des facteurs à long terme de vulnérabilité », souligne l’Onusida.

Des femmes répudiées par leur mari

Ensuite, le même scénario se répète souvent. Contaminée par son mari, la femme découvre la première sa séropositivité, souvent lors d’un test de grossesse. « De ce fait, on l’accuse souvent d’avoir amené le VIH au sein du couple et d’avoir infecté son conjoint qui, bien souvent, refuse d’aller faire un test. On voit régulièrement des femmes répudiées par leur mari et persuadées que c’est de leur faute si le sida a touché leur famille », explique le docteur Dembele.

Des femmes très mobilisées dans le combat contre le VIH

Des femmes vulnérables mais incroyablement mobilisées contre l’épidémie. Dans beaucoup de pays africains, ce sont elles qui mènent le combat. « Parce qu’on se sent concernées. Individuellement mais aussi collectivement », souligne Bintou Dembele. Bien souvent, elles sont aussi les seules à avoir le courage de parler, à visage découvert, de leur vie avec le VIH. Comme Jeanne Gapiya, au début des années 1990, au Burundi. « Si j’ai témoigné publiquement, c’est pour raconter une histoire très ordinaire, celle d’une mère qui a contaminé son bébé parce qu’elle n’avait accès à aucun traitement », explique cette militante associative.

Infecté en 1989, son petit garçon, Guy-Bertrand, est mort du sida à l’âge de 18 mois. Depuis, Jeanne Gapiya ne cesse de se battre, notamment pour que toutes les mères d’Afrique puissent disposer d’un traitement préventif, peu coûteux, pour éviter de contaminer leur bébé. « Parce que c’est insupportable de donner la mort en même temps que la vie », dit-elle.

Pierre Bienvault

 

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