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Émoi dans le milieu socio-médical de Douala: une enquête d’Alex Gustave Azebaze

Quand un médecin de l’HGO/DY meurt faute de prise en charge adéquate!

Habituellement ce sont les patients lambdas qui se plaignent des difficultés de prise en charge médicale au Cameroun en général, et à Douala en particulier. Dans cette métropole de plus de 3 millions d’habitants, il se passe rarement deux semaines sans qu’une femme décède en donnant la vie; ou au cours d’une consultation gynécologique exigeant un peu d’attention.

Cette fois, c’est au coeur du système médical que tel drame souvent peu médiatisé a frappé. La trentaine à peine sonnée, Dr Hélène Nlate Mfomo était médecin en service à l’hôpital gyneco-obstetrique de Douala à Yassa (HGO/DY). La jeune spécialiste de la profession médicale n’a pas survécu à une banale grossesse extra-utérine de 12 semaines. C’est du moins ce que nos sources médicales font savoir, à l’annonce de son décès ce matin sur les réseaux sociaux camerounais.

GROSSESSE EXTRA-UTERINE

Mariée apparemment depuis août 2015 seulement à son prince charmant, la défunte medecin aurait eu une grossesse quasi normale. Suivie à la fois par Dr Boudou, son chef hiérarchique et directeur du tout nouvel hôpital gynéco obstétrique de Douala à Yassa (HGO/DY) et du Dr Benjamin Nguiffo, un autre de ses confrères responsables d’un établissement médical privé, en l’occurrence la clinique du Gros Chêne, à Douala – Akwa, la spécialiste des soins médicaux s’est sentie mal il y a un peu plus d’une semaine. Après une hospitalisation à la clinique pendant quelques jours dans cette clinique, il a été finalement diagnostiqué ce week-end une grossesse extra-utérine.
Naturellement, et en accord avec sa famille, notamment son époux, la clinique dont le plateau technique ne permettrait pas une prise en charge adéquate d’une telle affection, la jeune dame est transférée à l’hôpital général de Douala (HGD). Dans la capitale économique du Cameroun, ce centre hospitalier public est censé disposer du meilleur plateau technique dans le domaine.
Sauf qu’arrivés à cette heure avancée de la nuit – autour de minuit – , et en compagnie du gynecologue et médecin -chef de la clinique, qui a tenu à s’assurer que sa consœur de patiente était en de bonnes mains, une dispute s’ouvrira. Elle porte sur la prise en charge financière. Les services spécialisés de l’HGD demandent le dépôt d’une caution de 100.000 FCFA lorsqu’ils sont informés que la patiente est couverte par le courtier d’assurances Ascoma.

TENSIONS AUTOUR DE LA PRISE EN CHARGE

Selon les explications glanées par AGA, l’HGD a décidé depuis quelques années d’exiger un cautionnement préalable pour les soins en raison d’une pratique du service médical de Ascoma. Selon nos sources, cet établissement d’assurances modifierait systématiquement les factures envoyées en paiement , y compris le contenu des actes médicaux réalisés par des spécialistes. Créant des conflits à n’en plus finir avec les prestataires médicaux.
Face à cette exigence de cautionnement, parallèlement à la prise en charge médicale, l’époux de la patiente aurait décidé de transférer Dr Hélène Nlate Mfomo à l’hôpital gynéco- obstétrique (HGO/DY) de Douala-Yassa, son établissement employeur. Visiblement contre les avis des spécialistes référents. Ces derniers savaient parfaitement que cet hôpital spécialisé ne dispose pas du plateau technique requis.
Pour dégager leur responsabilité, AGA a appris que le service de garde gynécologique de l’HGD qui avait actionné la procédure « d’urgence vitale » – elle permettrait de prodiguer des soins à un patient malgré le non paiement préalable du cautionnement de couverture des soins – a fait signer à la famille – probablement l’époux – une décharge de sortie de la patiente sans soins d’urgence requis.
Sauf qu’arrivés à l’HGO/DY, la famille sera informée par le Directeur sollicité en personne que son établissement ne peut prendre en charge techniquement l’affection présumée de sa collaboratrice. Retour à la case départ donc. Mais, cette fois, non pas directement au service de gynécologie mais plutôt au service de réanimation. On est rendu vers 2h30. Entre les procédures d’accueil et de prise en charge médicale , la jeune médecin aurait rendu l’âme. Le diagnostic à ce niveau fait état de « détresse respiratoire ».
Après cet incident tragique qui survient après quelques autres, notamment de patients communs, dans les conditions quasi-similaires, AGA a contacté l’Ordre national des médecins du Cameroun (ONMC) pour tenter de comprendre pour ses lecteurs comment est-il possible qu’une simple grossesse extra-utérine ait pu entraîner le décès d’une femme, qui plus est, une spécialiste de la santé de ce niveau. Son président Dr Guy Sandjong, qui, gynécologue de son état, affirme ne pas comprendre cette issue tragique, nous a confié être encore en quête des informations sur les actes ou non actes médicaux posés dans le cadre de cette affaire. Néanmoins, à l’heure où nous échangeons hier, il nous a révélé que l’ONMC n’avait pas encore été formellement saisi par la famille en dénonciation de quelque manquement de quelque médecin que ce soit.

DES DÉCISIONS QUESTIONNABLES

L’autre interrogation à laquelle AGA souhaitait avoir une réponse est la raison de la révision par les conseillers médicaux, notamment de Ascoma, des actes médicaux de leurs confrères évoquée dans les couloirs de l’HGD, et qui expliquerait, au moins en partie, l’exigence du dépôt préalable d’une caution pour tous les patients, qu’ils soient assurés ou non. Le Dr Atedjoe à qui nous avons hier envoyé un questionnaire n’avait pas répondu au moment où nous rédigions les premiers éléments de cette enquête.
Quant aux institutions médicales impliquées dans ce drame qui émeut depuis hier les milieux informés de Douala, une enquête conjointe du ministère de la santé et de l’ONMC devrait rapidement fixer l’opinion sur les manquements éventuels que nos seuls efforts n’ont pu identifier au cours d’une enquête où le plus évident n’est pas l’expression des acteurs présumés, tenus au secret médical qu’ils sont pour la plupart. De plus, la personnalité de la victime, un membre du corps médical, embarrasse au plus haut point ce beau monde.

Alex Gustave Azebaze

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