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Commémoration du 61 anniversaire de l’ assassinat de Ruben Um Nyobe: déclaration de l’AP

Déclaration de l’Alliance Patriotique à Yaounde
À l’occasion de la commémoration du 61. anniversaire de l’assassinat de Ruben Um Nyobe
Les membres des partis politiques et de la société civile regroupés au sein de l’Alliance Patriotique (AP) se sont réunis tour à tour à Maroua le 12 septembre puis à Yaounde et à Dschang ce 13 septembre 2019 pour célébrer les valeureux résistants qui ont connu les affres des geôles et camps de concentration du pouvoir colonial et néo-colonial ainsi que les actes héroïques des martyrs camerounais qui ont versé leur sang pour la libération et la réunification du Cameroun.

Cette célébration de nos valeureux combattants, comme les précédentes, ne relève pas de l’agitation commémorative comme disent certaines mauvaises langues, mais plutôt du désir de préserver dans la conscience collective africaine la mémoire historique de nos ancêtres qui luttèrent pour affirmer notre humanité et notre identité nationale. Car, « l’histoire n’est pas un passé mort. Elle réapparaît, revit, se réaffirme dans certaines conduites. Cette liaison passé-futur est une condition fondamentale pour le futur-présent et un des grands principes qui orientent le pouvoir» (Miguel Domingos Bembe). Il s’agit donc pour nous au sein de l’Alliance Patriotique de sacrifier à un devoir de mémoire pour briser l’omerta entretenu par une stratégie minutieusement implémentée par l’Etat néocolonial du Cameroun aux fins de couvrir le peuple d’un voile d’oubli.

En ce 13 septembre 2019, l’AP a singulièrement commémoré les héros nationaux qui, par leur courage ont défendu l’honneur du pays. Parmi eux, il a été spécialement question de Ruben Um Nyobe dont l’assassinat lâche et barbare par les forces aujoulatistes en 1958 marque une amputation grave du mouvement nationaliste camerounais. Amputation qui a eu lieu dans des circonstances encore peu connues et aux conséquences désastreuses pour les patriotes camerounais et le Cameroun. La naissance bancale et douloureuse de l’État du Cameroun et sa réunification boiteuse/calamiteuse sont deux faits saillants qui illustrent la perte de ce leader charismatique pour le Cameroun. Les crises multiples qui jalonnent l’existence du Cameroun depuis sa mort sont bien là pour nous le rappeler. Le pouvoir négrier français, faut-il le rappeler, a après une guerre atroce et extrêmement violente contre notre peuple remis l’indépendance à ceux qui la souhaitaient le moins et ne la voulaient même pas.
Commémorer Ruben Um Nyobe c’est aussi célébrer cette première génération de nationalistes camerounais qui, les armes à la main et au prix d’innombrables sacrifices, ont libéré la France de l’invasion nazie allemande mais qui ont été pourchassés et massacrés par leurs compagnons d’armes français lorsqu’ils ont réclamé l’indépendance de leur pays. Une des pages sombres, tristes et monstrueuses de l’histoire des relations entre la France et le Cameroun et qui illustre bien l’ingratitude de la France du général Charles de Gaulle… Le général Charles de Gaulle, qui, ému et excédé par l’hospitalité et la générosité du peuple camerounais, lui avait promis le mardi 08 Octobre 1940 à Douala que « le Cameroun aura sa place dans l’histoire de cette guerre et dans notre histoire nationale. » Il n’est pas anodin de noter que cette ingratitude jalonne toute la France de la 5eme république.

Les différentes crises aigues auxquelles le Cameroun fait face depuis 1958 ont pour sources principales :
Le caractère biaisé d’une indépendance qui a été remise aux alliés nationaux du pouvoir colonial après le massacre (sous le silence et le regard complice de l’ONU qui en assurait la tutelle) de Ruben Um Nyobe, de ses camarades et des milliers d’hommes et femmes qui se sont massivement mobilisés autour de l’UPC contre l’humiliation coloniale et pour une amélioration du standard de vie des populations.
La nature de nos relations et échanges avec « l’ex-puissance colonisatrice » en particulier et le monde occidental en général. Relations qui sont encore régies, contre notre volonté, par le pacte colonial et dont la rupture est un impératif catégorique si nous voulons réaliser le rêve de nos illustres résistants qui se sont sacrifiés pour la cause de l’indépendance et la réunification du Cameroun.
La confiscation des droits du peuple à choisir de façon libre et autonome ses dirigeants par une poignée de personnes taillées sur mesure par la France et inféodées aux puissances impérialistes.

La non-résolution du Contentieux Historique entre le Cameroun et France avec son corollaire national qu’est le problème du West-Cameroun. La France, à travers ses réseaux de la françafrique, est toujours omniprésente dans tous les domaines de la politique camerounaise. Ce qui fait encore du Cameroun un état vassal de l’ex-métropole.

Ce qui se passe actuellement au Cameroun occidental et qui est abusivement appelé crise anglophone n’est que la forme aigue du problème du West-Cameroun qui trouve sa source dans la non-résolution du Contentieux Historique National dont les principaux éléments constitutifs sont :
la conférence de Foumban en 1961 qui marque le début du long processus d’annexion du West-Cameroun. Processus savamment pensé dans les officines de la coopération à Paris et mis en exécution à Yaoundé. Processus qui fut jadis dénoncé par le président Ernest Ouandié lorsqu’il déconseilla les leaders politiques du West-Kamerun de s’y rendre. En se rendant à la conférence de Foumban, John Ngu Foncha et son équipe enterraient toute velléité d’autonomie régionale des populations du West-Cameroun et préférèrent la collaboration avec le néocolonialisme français aux conséquences multiples que le pays vit encore aujourd’hui.

Le pseudo référendum de 1972. C’est en soit un coup de grâce à forte odeur de pétrole et sous l’influence de la France. Il est l’aboutissement ultime du long et patient processus de désintégration du système commencé à Foumban en 1961 et marque l’apogée de la forfaiture d’Ahidjo et de ses mentors français. Jumelant la tricherie et la ruse à la force, Ahmadou Ahidjo imposa au peuple camerounais un référendum anticonstitutionnel sur la fin de la fédération. Cette forfaiture ne rencontra malheureusement aucune résistance sérieuse de la part des leaders politiques du West-Cameroun à l’instar de John Ngu Foncha, Bernard Fonlon, Egbe Tabi, Nzo Ekangaki, Tanden Muna, Angwafor III, du Dr. E.M.L. Endeley et co. …, qui, pour sauvegarder leurs intérêts immédiats, avaient choisi de trahir les aspirations des masses populaires.
Le retour unilatéral à la République du Cameroun par Mr. Paul Biya. Alors que le West-Cameroun était déjà dans les faits annexé à travers le coup de force de 1972, Mr Biya ajoute en février 1984 une provocation gratuite contre nos compatriotes de l’autre rive du Mungo et par extension contre tous les camerounais. Ce retour au statut d’avant 1961 est l’un des facteurs qui alimentent les revendications indépendantistes dans le West-Cameroun aujourd’hui.

Ceci étant dit, la crise actuelle au West-Cameroun constitue une opportunité pour la solution du Contentieux Historique. Les récentes condamnations de Sisiku Ayuk Tabe et ses collaborateurs sont de ce fait inopportunes et ne sauraient contribuer à la résolution de cette crise qui a pris une forme de conflit ouvert depuis bientôt trois ans.
Au regard de tout ce qui précède, l’Alliance Patriotique,
Constate qu’aujourd’hui encore, les circonstances exactes de la mort de Ruben Um Nyobe sont toujours peu connues ;
Rappelle l’importance capitale pour le peuple camerounais de conserver, de protéger et de diffuser sa mémoire historique s’il veut se donner des perspectives d’avenir porteuses d’espoir ;
Rappelle que les causes profondes des crises multiformes auxquelles le Cameroun fait actuellement face se trouve dans l’organisation de l’oubli à propos de l’histoire tragique du peuple camerounais qui s’est vu voler son droit de prendre part au processus qui devait aboutir à son accession à l’indépendance et à définir la nature et la forme de l’Etat dans lequel il allait exercer cette indépendance ;
Regrette les récentes condamnations des leaders du West-Cameroun au moment où nous avons besoin d’un apaisement des tensions ;
Exprime sa solidarité et sa compassion envers les victimes des violences dans les régions du Nord-Ouest et le Sud-ouest.
Rejette toute ingérence étrangère dans les affaires camerouno-camerounaises et souligne la nécessité d’un sursaut patriotique pour conserver les maigres acquis de la Réunification et de l’Indépendance pour la souveraineté du Cameroun. Des acquis qui ont été obtenus avec le sang des camerounais, aussi bien de la partie orientale que de la partie occidentale. Toute division du pays serait trahir les sacrifices de celles et ceux qui ont versé leur sang ;

Est pour un Cameroun Confédéral démocratique et réaffirme le caractère intangible de ses frontières jusqu’à la construction d’un État Panafricain Fédéral ;

Se réjouit que le chef de l’État ait enfin reconnu la nécessité d’un Dialogue National Inclusif, mais regrette en même temps que ce dialogue aura lieu dans un contexte de guerre ; ignorant ainsi l’expérience de la résolution des conflits ailleurs en Afrique et dans le monde.
Notamment les préalables d’un tel dialogue qui sont :

Une déclaration de cessez-le feu par le gouvernement ;
Une amnistie générale et inconditionnelle ;
La Libération de tous les prisonniers politiques.
Se réjouit également que le chef de l’État ait implicitement reconnu l’existence du Contentieux Historique National, mais regrette qu’il n’ait pas remis la nature et la forme de l’État en cause puisqu’il réduit le débat dans le cadre de la constitution actuelle.
Profite de ces commémorations pour réitérer que le Dialogue National Inclusif doit être ouvert à tous les sujets aujourd’hui tabous.

Notamment : la nature et la forme de l’Etat ; l’amélioration du système électoral à travers la révision du code électoral et la création d’une commission électorale indépendante ; la résolution du Contentieux Historique Franco-Camerounais qui fait du Cameroun un des derniers remparts de la françafrique.

Insiste sur le caractère souverain du Dialogue National Inclusif sollicité par le peuple camerounais. Ce dialogue ne peut et ne saurait donc être une Tripartite bis. Ses résolutions doivent être souveraines et soumises à référendum.
L’Alliance Patriotique exhorte le peuple camerounais à se mobiliser pour la création d’un vaste Mouvement Populaire en s’organisant dans les comités d’action pour la fin de la guerre et la solution du contentieux historique.
Pour la Coordination Générale de l’Alliance Patriotique

1- Pr. Théophile YIMGAING MOYO – Président du Mouvement Citoyen (Moci) & 1er Vice-Président de l’Alliance Patriotique

2- Mr. Aboubakary Siddiki – Président du Mouvement Patriotique pour le Salut du Cameroun & 3ième Vice-Président de l’Alliance Patriotique

3- Mr. Parfait Patient NDOM – Secrétaire Général de l’Alliance Patriotique

Contact : apatriotique@gmail.com

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