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cameroun: Manifeste de l’Alliance Patriotique (AP)

Purger le contentieux historique national,
Construire une nation confédérale souveraine, ouverte sur le monde.

Le Cameroun est menacé de dislocation.
Un spectre hante le Cameroun, le spectre de la dislocation. En ordonnant à l’Armée Nationale de
lancer la guerre contre les populations des Régions Sud-ouest et Nord-ouest, le Président de la
République et ses courtisans ont enclenché un engrenage dont nul n’est en mesure de prévoir ni
évaluer la nature et l’ampleur des dégâts. Une fois décidée et lancée, toute guerre acquiert sa logique
propre. Le Président Paul BIYA porte l’entière responsabilité des développements et conséquences
de celle qu’il a lancée contre ses compatriotes sur une partie du territoire national, plaçant de ce fait
les Officiers des Forces Armées nationales et des Forces de Sécurité dans l’obligation de choisir
entre sauver pour un temps (à quels coûts humains?) un régime au service des seuls intérêts de ses
dignitaires et de puissances étrangères, ou faire preuve de responsabilité et de dignité en faisant
rempart autour de l’intérêt national.
Nous ne pouvons pas et ne devons pas accepter une menace aussi grave à l’unité des Forces Armées
et des Forces de sécurité nationales, ni les risques de mise en cause injustifiée de l’honneur et de la
dignité de leurs membres. C’est au citoyen qu’incombent le devoir d’insoumission et l’ardente
obligation de résistance pour le salut de la Nation. Face au risque majeur dont la nature impose à
chacun un sursaut de lucidité, un puissant mouvement national doit s’organiser sur la base du
sentiment national que chacun porte en soi, mobiliser massivement et conjuguer ce sentiment
d’appartenance à une communauté nationale dans un effort patriotique collectif convergent afin de:

1/ Aider le Chef de l’État à se convaincre que la seule option acceptable qui lui reste est de
mettre un terme sans délai et sans conditions à la guerre qu’il a ordonnée contre les populations des
Régions Nord-ouest et Sud-ouest. Poser cet acte le grandira ; persister dans la faute n’est pas une
option.

2/ Ouvrir sans délai un Dialogue National Inclusif (DNI) ouvert à toutes les forces
politiques, économiques et sociales, y compris les forces qui militent pour une « Ambazonie  »
indépendante. Le DNI aura pour but de définir et poser les fondations institutionnelles de la
cohésion sociale, de l’unité et de la souveraineté nationales. En particulier, une de ses conclusions
devra porter sur la convocation d’une Assemblée Constituante chargée de la préparation d’un projet
de nouvelle Loi Fondamentale (Constitution).

Notre but est en effet de doter notre pays des capacités propres d’organisation et de détermination
(politique, économique et sociale), c’est à dire construire les moyens de la souveraineté du peuple
Camerounais. C’est la condition indispensable, incontournable, qui, seule, permettra à notre pays de
de coopérer avec les autres entités politiques ou économiques du monde sur des bases équitables de
l’intérêt mutuel, d’avoir voix au chapitre dans les enjeux communs à la planète, de se déterminer
librement au sein du concert des nations dans le sens de l’intérêt général humain, de négocier
efficacement dans la défense des intérêts du peuple Camerounais.

Le devoir d’insoumission et de résistance face à un ordre colonial de fait.

En Avril 1948, les fondateurs de l’Union des Populations du Cameroun (UPC) résumèrent le
programme national de la lutte de notre peuple pour son émancipation du joug colonial en ces
termes : réunification, indépendance, élévation du standard de vie des populations. Un programme
en trois objectifs intimement liés formulés dans cet ordre. La lutte conduite par l’UPC a été écrasée
par l’armée coloniale française, le colonialisme s’est habillé de neuf avec l’indépendance juridique
actée au début des années 1960 ; la réunification a pris la forme de l’annexion de l’État de l’ancien
territoire sous mandat britannique par l’État de l’ancien territoire sous mandat français ; et un
processus de répression de l’aspiration des populations à une vie meilleure a pris racine sur tout le
territoire national. Voilà le résumé à grands traits d’une réalité historique parfaitement documentée.
C’est fondamentalement l’hyper-centralisation du pouvoir, de tous les pouvoirs de décision et
d’action en un seul lieu, Yaoundé, et leurs effets nocifs et régressifs sur la vie des citoyens qui sont
l’objet de la contestation par nos compatriotes des Régions Sud-ouest et Nord-ouest. Cette
contestation est le concentré du contentieux historique fondamental entre le peuple Camerounais et
l’ordre colonial français, direct, puis de fait avec l’installation au pouvoir en 1960 de la lignée UCUNC-RDPC.
Cette contestation récurrente depuis bientôt cinquante ans a été portée sous des formes
variées, y compris par d’éminents responsables du régime UNC-RDPC. Fondamentalement, elle n’a
jamais eu une quelconque volonté de porter atteinte à l’unité nationale. Bien au contraire. Elle
s’inscrit en ligne directe et en continuité de la lutte conduite par Ruben UM NYOBE pour l’unité et
la souveraineté nationales, le développement humain et le bien-être du peuple Camerounais. Aux
manifestations populaires de Mai 1955, le pouvoir colonial français répondit par la provocation et la
guerre aux populations coupables de soutien massif à l’UPC. Aujourd’hui (2017-2018), le pouvoir
néocolonial de Yaoundé répond par la provocation et la guerre aux populations des Régions Nord- Ouest
et Sud-ouest dans le but d’acculer une contestation populaire légitime au choix entre l’abandon
de la lutte et la soumission, ou le piège consistant à ne plus voir de perspective que sous les traits
d’une insurrection armée. Le parallèle entre les deux situations séparés par cinq décennies est
frappant.

Mettre fin à la guerre dans les Régions Nord-ouest et Sud-ouest, sans délai ni conditions, et
sortir du déni de réalité.

C’est la réalité historique résumée à grands traits plus haut qui doit être placée au cœur de tout
projet politique responsable pour le devenir de notre pays. En particulier, la recherche de la solution
à apporter au « problème anglophone » qui n’est précisément posé en ces termes inadéquats que pour
masquer le fait qu’il a nécessairement un pendant, le « problème francophone ». Le problème est celui
de la signification de l’annexion de l’État du West-Cameroon par l’État du Cameroun Oriental, des
effets de cette annexion sur la vie concrète des populations du territoire annexé, et de la réaction de
ces populations face aux effets de l’annexion. L’insoumission et la résistance populaires légitimes
dont nos compatriotes des Régions Nord-ouest et Sud- ouest sont les acteurs de première ligne
aujourd’hui ne tient pas d’une volonté de porter atteinte à l’unité nationale. Depuis 1972, sur tout le
territoire national, le pouvoir central a dépouillé toutes les instances publiques de décision et
d’action de leurs responsabilités puis transféré et concentré pouvoir et décision publiques sur
Yaoundé, loin des populations et leurs besoins. L’inefficacité et la nocivité de la gouvernance sur ce
mode « Paris et le désert français » sont avérées depuis longtemps. Elles sont particulièrement
criantes pour nos compatriotes des Régions Nord-ouest et Sud-ouest, qui avaient fait l’expérience,
notamment : des compétences larges et exclusives de l’État fédéré du West-Cameroon en de
nombreuses matières d’importance ; du fonctionnement indépendant de la « Public Service
Commission » qui était en charge des nominations, promotions et gestion des carrières dans la
fonction publique de l’État fédéré ; du fonctionnement de la Commission Électorale indépendante
de l’Exécutif et du Législatif… La menace de dislocation du Cameroun ne vient certainement pas de
l’insoumission et de la résistance populaires, totalement en phase avec le programme en trois
objectifs toujours d’actualité fixés par les fondateurs de l’UPC. Elle vient de la lecture que le
pouvoir central de Yaoundé fait du « problème anglophone », et des actes qu’il pose en conséquence
pour y répondre : le déni de réalité depuis des décennies, auquel s’ajoute aujourd’hui la guerre aux
populations.

Construire les capacités propres d’organisation et de détermination politique, économique,
sociale, c’est à dire les moyens de la souveraineté nationale de notre pays.

L’unité nationale est un résultat, le résultat de l’action politique de l’État quand celle-ci est
résolument guidée par le souci constant de la cohésion nationale. Sans cohésion nationale, l’idée
même de communauté nationale s’agissant des citoyens d’un pays est dépourvu de tout sens, et le
terme « unité nationale » n’est dès lors qu’un élément de langage convoqué aux fins de manipulation
de l’opinion publique et des populations. Ainsi, aujourd’hui, l' »unité nationale » est claironnée sur
tous les tons par un régime et ses courtisans de tous horizons qui poussent l’irresponsabilité au point
de qualifier les manifestants de « terroristes », et de « complices des terroristes » les populations
coupables de résider sur le même territoire que les manifestants. Nous devons mettre un terme à
cette fuite en avant du régime et engager la reconstruction de fond en comble d’un ordre
institutionnel démocratique dans le but de doter le Cameroun des capacités propres d’organisation et
de détermination politique, économique, sociale, c’est à dire des moyens de la souveraineté du
peuple Camerounais, de la souveraineté nationale de notre pays.

NOUS, c’est tout citoyen Camerounais, de l’intérieur ou de la diaspora, membre ou non d’un parti
politique quel qu’il soit, quel que soit son statut (Étudiant, acteur de la vie économique et sociale,
retraité,…), son secteur d’activité (public ou privé) et son niveau de responsabilité dans la hiérarchie.
Nous, c’est tout corps constitué, toute chambre consulaire, tout parti politique, toute association ou
organisation non gouvernementale ou pas. Nous, c’est aussi toute personne privée, jusque y compris
les proches du Président Paul BIYA, en l’occurrence ses vrais amis s’il en a : Tous organisés ou non
de mille et une façons mais mobilisés pour amener le Président de la République à comprendre
qu’aujourd’hui, il ne dispose que d’une seule option, l’unique acte responsable qui honorerait sa
fonction et le grandira : ordonner sans délai ni conditions la fin de la guerre engagée contre les
populations des Régions Nord-ouest et Sud-ouest.

C’est du puissant mouvement trans-partisan conduisant à mettre un terme à l’effusion de sang dans
l’ouest de notre pays qu’émergera nécessairement une plate-forme pour régler les modalités
d’organisation du Dialogue National Inclusif. Celui-ci aura pour principales missions : 1/ poser les
fondations institutionnelles de la cohésion sociale, de l’unité et de la souveraineté nationales, 2/
régler les modalités et la mise en place d’une Assemblée Constituante, 3/ nommer un gouvernement
de transition chargé d’assurer la continuité de l’État jusqu’à l’entrée en vigueur des institutions
nouvelles. A ce stade, l’Alliance Patriotique que nous appelons urgemment à se former aura rempli
sa mission.
Pour la Coordination Générale de l’Alliance Patriotique
1-Abbo A beyeck
2-Henriette >Ekwe
3- Jules Fogue
4- Dr. Simeon Kuissou
5- Dr.Serge Banyongen
6- Théophile Nono
7-Aaron Nyangkwe
8-Ngassa Happi Lewe
9 Dr. Yagnye Daniel

09 Janvier 2018.

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