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samedi, avril 20, 2024
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Cameroun : l’opposition camerounaise et les élections.

Avant de se rendre en France sur l’invitation de Macron pour participer au forum de Paris sur la Paix, le Président Biya a convoqué les élections municipales et législatives…
Pourquoi l’opposition camerounaise ne se regroupe-t-elle pas pour parler d’une seule et même voix ? L’union faisant la force, pourquoi notre opposition ne fait pas comme ailleurs un peu partout dans le continent ? Pourquoi n’arrive-t-elle jamais à s’entendre pour le renversement de ce régime que le peuple vomit et ne veut plus depuis longtemps ? Pourquoi participer aux élections dans ce contexte de guerre et d’insécurité généralisée dans une partie du pays avec une loi électorale et une Commission électorale taillées sur mesure à la faveur du parti au pouvoir ?

1- LE CAMEROUN MALADE DE SA SPÉCIFICITÉ HISTORIQUE
Oui le Cameroun c’est le Cameroun. Le Cameroun n’est pas le Togo, ni le Benin ou le Sénégal. Dans la plupart des pays dits francophones, où il y a eu des alternances au sommet, il n’y a pas eu de véritable changement de politique pour ces pays encore moins pour leurs populations. L’une des spécificités de notre pays est qu’il est l’unique en Afrique subsaharienne francophone où il y a eu une longue guerre atroce pour la naissance de la FrançAfrique, avec une mémoire historique pas favorable à la France. Ajoutez à ceci le haut risque de contamination de ce qui se passerait ici à d’autres pays de la région et en dehors de celle-ci, et vous comprendrez facilement la raison pour laquelle une pseudo-stabilité y est indispensable ; les changements à la tête de l’état étant des risques que la France ne peut pas se permettre.
Deux familles politiques.
Malgré la multitude des partis et leurs diverses dénominations, il n’existe dans notre pays que deux familles politiques avec des objectifs totalement différents : la famille politique du père de l’Indépendance Ruben Um Nyobe et celle de Louis-Paul Aujoulat.

2- LA FAMILLE POLITIQUE AUJOULATISTE
Son objectif principal est la survie et le maintien de l’actuel état néocolonial né du Contentieux Historique franco-camerounais dont le but fondamental est la sauvegarde des intérêts de la France.
Sa composante principale est l’UC-UNC-RDPC dans sa véritable dénomination historique puisque le RDPC actuel du Président Paul Biya est issu de l’UC et UNC du Président Ahmadou Ahidjo, prédécesseur de Mr Biya à la magistrature suprême du pays.

Avec l’extermination de l’UPC après la longue guerre pour la Réunification et l’Indépendance, cette famille s’est retrouvée seule avec toutes les ressources du pays qui lui permettent d’acheter les consciences, c’est ainsi qu’elle crée des partis politiques et coopte les membres des autres partis. Les principaux Dirigeants connus et reconnus de l’opposition politique actuelle sont issus de cette famille : Ndam Njoya, Ni Fru Ndi, Maurice Kamto, Bello Bouba Maigari, etc… sont tous des anciens dignitaires de cette famille.

3- LA FAMILLE POLITIQUE NATIONALISTE DE RUBEN UM NYOBE
Son objectif principal est le renversement de l’actuel état camerounais né de l’échec du Mouvement nationaliste upéciste après une guerre atroce inégale contre les forces armées françaises et leurs laquais nationaux. Cette famille est principalement composée d’anciens militants de l’UPC et de véritables patriotes qui se battent pour un Cameroun réellement Indépendant et Souverain. Avec la création d’une UPC gouvernementale pro-Biya et l’acharnement du régime contre l’UPC Historique, les upécistes qui étaient dispersés dans la nature commencent à se retrouver et à se regrouper pour la création d’un vaste Mouvement Patriotique pour le salut du pays.

4- LES ÉLECTIONS MUNICIPALES ET LÉGISLATIVES
Après l’élection présidentielle et le Grand Dialogue National, les élections du 9 février 2020 prochain constitueront un autre long moment de répit qui permettra au gouvernement de dévier les attentions de la communauté nationale et internationale pendant qu’en même temps la sale guerre au Cameroun Occidental et son cortège d’exactions passera au deuxième plan. C’est ainsi que de jonglerie en fourberie le régime Biya survit en suscitant de fausses illusions et en miroitant de véritables mirages, telles ces élections qui permettent aux nécessiteux de rêver de strapontins alors que les dés sont pipés d’avance, puisqu’au moment même où le Président Biya a convoqué ces élections, plus de la moitié des sièges est déjà gagnée par le RDPC. La loi électorale actuelle étant financièrement discriminatoire. Car, contrairement à d’autres pays africains où aucun paiement n’est exigé (Angola par exemple), chez-nous rien que pour 10 000 candidatures, les frais administratifs (caution et composition des dossiers) s’élèveraient à près de 600 millions de francs CFA. Un montant qui est uniquement à la portée du RDPC du Président Biya, le seul parti politique qui se sert des caisses de l’État. Ce qui exclut d’avance toute participation réelle et effective des autres partis de la dite opposition dans tout le triangle national.
Et on ne parle pas encore des frais liés à la campagne électorale proprement dite, des divers déplacements, des affiches et posters individuels, des prospectus de sensibilisation, des meetings et autres petits gadgets (t-shirting, flyers, casquettes, autocollants…) ainsi que de la prise en charge des scrutateurs. Toutes ces conditions défavorables n’empêcheront d’ailleurs pas que, tels des illuminés, on vienne après crier à la victoire volée alors que l’on savait bien qu’aucune victoire n’était possible sans même la participation active de Elecam, la redoutable machine à tricherie électorale du régime Biya qui n’entrera en action que dans la deuxième phase du processus dans les circonscriptions où la nécessité de trucage s’imposerait.

5- UN CONTEXTE DANGEREUX
Pris en étau avec les exigences de la France, il ne restait plus au Président Paul Biya que d’effectuer ce passage en force dans un contexte socio-politique et économique très préoccupant car convoquer des élections aujourd’hui dans notre pays est faire montre d’irresponsabilité politique.
Malgré les tergiversations du SDF qui se comporte depuis des décennies en véritable complice du Renouveau, une fois de plus, après les élections présidentielles, le Cameroun Occidental ne participera pas aux élections. Le SDF récolte ainsi ce qu’il a semé. Car, bien réconforté et installé durablement dans le rôle de principal responsable de l’opposition, Ni Fru Ndi et le SDF ont finalement été mis de côté à cause de la crise anglophone. Pour plus de sécurité… « On ne sait jamais avec ces anglophones avec le fédéralisme qu’ils prônent et la guerre interminable chez-eux … » se sont certainement dits les idéologues du pouvoir. Le Renouveau a ainsi préféré le MRC comme principal parti de l’opposition. Malheureusement, poussé par sa base à cause de son discours démagogique, son champion a été obligé d’aller plus loin que prévu dans les officines de la FrançAfrique. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à Kondengui.
Au lieu d’un discours fédérateur sans équivoque, au lieu d’une démarche inclusive et plus ouverte, le MRC a plutôt réussi à cristalliser les haines avec des sorties irresponsables de certains marginaux. Actuellement, une vraie bataille sourde de corps à corps qui ne dit pas son nom est en train de se mener où le Bamileké joue seul contre Tous ; car le Bassa, le Pahouing, le Sawa, et … est prêt à tout pour ne pas laisser passer le Bamileké !
Quel gâchis ! .Alors que la lutte de libération de notre pays avait réussi à créer une forte dynamique d’unité nationale, alors que l’UPC avec ses mots d’ordre « d’Un seul Cameroun pour Tous » a engendré une dynamique irrésistible d’union nationale qui a profondément marqué notre peuple , comme un véritable cauchemar, nous vivons aujourd’hui les moments les plus tristes comme Nation avec les replis identitaires.
Plus que jamais, c’est le discours de la camerounité qui devrait s’imposer. Car, « comme un seul être, tous les camerounais devraient se mobiliser et se transformer en Bamileké lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts des Bamileké, de même qu’ils doivent Tous se transformer en Sawa lorsqu’il s’agit de défendre les intérêts bien compris des Sawa, et ainsi de suite … »
Et les nordistes dans tout ceci ?
Ils vivent un réel drame, car après avoir eu Ahmadou Ahidjo et 37 ans de Renouveau, la misère s’est généralisée avec un manque excessif d’infrastructures élémentaires… Un malheur n’arrivant jamais seul, voilà Cavayé Yeguié Djibril, dépassé par cette situation qui montre les limites de ce système en affirmant qu’au Septentrion, on fabriquait trop d’enfants…

6- DES ÉLECTIONS POUR RIEN…SAUF POUR LA FRANCE ET LES SIENS
Comme partout ailleurs dans le pays, ces élections ne serviront à rien. Elles n’apporteront rien à l’Est du pays, rien au Nord, ni rien ailleurs… Mais elles permettront à la France convaincue de l’incapacité de résoudre l’actuelle crise, de persister dans la diversion pour faire gagner du temps au régime tout en créant des bases de succession dans le poulailler aujoulatiste puisque ces élections consacreront le MRC comme principal parti d’opposition, en même temps surgiront de nouveaux leaders de la famille néocoloniale. Ces élections constituent un véritable défi pour l’avenir de notre pays puisqu’elles dévoilent la volonté de la France prête à sacrifier l’unité de notre pays afin de sauver sa FrançAfrique. C’est ainsi que, dans le pire des cas, elles consacreront la partition du pays, tant il est vrai que le Cameroun Occidental ne participera pas aux élections comme nous l’avons relevé un peu plus haut. Ceux qui participeront aux élections jouent pour le système actuel et sa légitimation, car après plus de six décennies de règne, le système néocolonial est à bout de souffle, incapable de résoudre le Contentieux Historique National dans le Cameroun Occidental et d’opérer les transformations nécessaires pour un développement durable du Cameroun.
La solution aux crises actuelles dont le pays fait face viendrait seulement avec la fin de la guerre au Sud-ouest et au Nord-ouest et la solution du Contentieux Historique National avec une fédération où les régions actuelles deviendraient des États fédérés. Ainsi en même temps que l’armée, la police, la douane, les relations extérieures reviendraient à l’état fédéral, les problèmes d’infrastructures diverses de Maroua ou de Bertoua seraient immédiatement résolus à Maroua et à Bertoua, non à Yaoundé !!!
L’heure est grave!!!
Aux patriotes de tous bords, aux patriotes des partis politiques, des différentes administrations de l’état, des forces de défense et de sécurité d’exiger la fin immédiate de cette sale guerre et la solution du Contentieux Historique National afin d’éviter la division de notre pays!!!

Daniel Yagnye
Président de l’Alliance Patriotique

Contact : apatriotique@gmail.com

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