Favori des sondages pour la présidentielle d’octobre, l’ex-président a été condamné à 12 ans de prison pour corruption dans l’affaire Petrobras. Avec le rejet d’un recours ce mardi, l’ancien métallo risque d’être incarcéré dans quelques semaines.
Le Tribunal supérieur de Justice (STJ) du Brésil a rejeté, ce mardi, une demande d’«habeas corpus» de l’ex-président brésilien Lula, qui risque ainsi d’être incarcéré dans quelques semaines, tout en étant le favori de la présidentielle d’octobre 2018. Les cinq magistrats du STJ ont voté à l’unanimité le rejet de la demande de Lula, dont l’avenir est désormais suspendu à l’examen d’un autre recours, devant le tribunal de deuxième instance de Porto Alegre (TRF4) qui l’avait condamné fin janvier, en appel, à 12 ans de prison pour corruption.
La défense de Lula avait présenté la demande d’«habeas corpus» pour éviter qu’il se retrouve derrière les barreaux en cas de décision défavorable du TRF4. Mais le jugement de ce mardi ne concerne aucunement la nature de la condamnation. En 2016, un jugement de la Cour suprême (STF) avait déterminé qu’une peine de prison pouvait être appliquée dès l’épuisement des recours en deuxième instance, ce qui serait le cas pour Lula en cas de rejet du recours devant le TRF4.
«Prisonnier politique»
Au début du jugement du STJ ce mardi, le juge rapporteur du dossier, Felix Fischer, a considéré que la peine devrait être appliquée de façon immédiate en cas de décision défavorable pour Lula du TRF4, suivant la recommandation du parquet. L’avocat de Lula, Sepulveda Pertence, a dénoncé au début de la séance un «procès kafkaïen» et considéré qu’une incarcération avant les recours aux instances supérieures «violerait la présomption d’innocence».
Lula est accusé d’avoir accepté un luxueux appartement en bord de mer de la part d’une entreprise de construction impliquée dans le gigantesque scandale autour du groupe public Petrobras, ce qu’il nie farouchement. «Ce procès, c’est comme si nous étions encore au temps de l’inquisition, sans nécessité de preuves, juste des convictions», a déclaré l’ex-président en début de journée, dans un entretien à la radio Metropole de Bahia. «Le jour où la police ou le parquet prouvera que j’ai touché un seul réal (monnaie brésilienne), j’abandonnerai la vie publique», a-t-il conclu, affirmant qu’il se considérerait comme un «prisonnier politique», s’il devait se retrouver derrière les barreaux.
Après le refus du STJ refuse de lui concéder l’«habeas corpus» ce mardi, il pourra encore tenter de l’obtenir auprès de la Cour suprême. Jeudi dernier, dans un entretien exclusif à l’AFP, Lula a affirmé qu’il pensait à la prison «tous les jours», mais s’est montré convaincu qu’il parviendrait à prouver son innocence et à briguer un nouveau mandat, après avoir présidé le Brésil de 2003 à 2010. «Une peine de prison peut être très longue, comme celle de Mandela (…) 27 ans, ou très courte comme celle de Gandhi. Je ne suis pas inquiet et ma seule préoccupation est de prouver mon innocence», a-t-il affirmé.
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