Au pouvoir depuis 1980, le « vieux crocodile », qui fête ses 93 ans, n’escompte pas céder les rênes du pays, même si, en coulisse, la guerre de succession a déjà commencé.
- Aller à Canossa. Voilà bien une attitude qu’en trente-six années passées à la tête du Zimbabwe (ex-Rhodésie du Sud), Robert Mugabe, qui fête ce mardi son 93e anniversaire, n’a jamais adoptée. Pour lui, pas question de s’humilier face à un quelconque adversaire.
- Dans un entretien à la radio publique, l’inoxydable nonagénaire – et plus vieux chef d’Etat en exercice de la planète – a ainsi écarté une nouvelle fois la perspective de céder les rênes du pouvoir. « Seul mon parti peut me demander de me retirer lors d’un congrès ou d’un comité central (…). Mais qu’entends-je ? Exactement le contraire. Ils veulent que je me représente », a-t-il lancé.
- En effet, la ZANU-PF (Union nationale africaine du Zimbabwe-Front patriotique) a déjà fait du « vieux crocodile » son candidat pour le scrutin présidentiel de 2018. Quant à sa femme, Grace Mugabe, elle a déclaré sans fard que, même mort, son époux recueillerait des voix – une insulte aux électeurs, juge l’hebdomadaire zimbabwéen The Standard.
- Pour certains observateurs, les propos de Mme Mugabe, 51 ans, ne trahissent pas tant le souhait macabre de voir son mari « régner » par-delà la tombe que sa propre ambition de lui succéder, devenant ainsi la première femme à diriger le pays, rapporte The Independent.
- Reste que, pour la « première dame », le chemin vers la présidence – que d’aucuns pressentaient tout tracé – s’annonce beaucoup plus incertain et cahoteux que prévu. Elle-même a expliqué que certains hiérarques de la ZANU-PF l’abhorraient et faisaient tout pour lui barrer la route, preuve de la guerre de succession qui se joue déjà en coulisse. Daily News
- Alors que, dans un éditorial, le très féal Sunday Mail fait le panégyrique de Robert Mugabe, vantant son « style de gouvernement exemplaire », The Zimbabwe Independent, lui, assure que le cercle des loyalistes ne cesse de se réduire.
- De nouveau enlisé dans une crise économique sévère, le Zimbabwe voit son avenir s’assombrir. Dans une tribune au New Zimbabwe, Teresa Noguire Pinto, experte de l’Afrique, esquisse trois scénarios possibles après la mort de Robert Mugabe : l’arrivée au pouvoir de l’actuel vice-président Emmerson Mnangagwa, qui ouvrirait la voie à des réformes, la victoire de Grace Mugabe, synonyme d’effondrement, ou l’implosion de la ZANU-PF, qui se traduirait par le chaos et la violence. Lequel prévaudra ?
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