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Afrique : Emmanuel Macron peut-il sortir du « pré carré » francophone ?

La visite à Paris du président libérien George Weah mercredi illustre la volonté d’Emmanuel Macron de bâtir ou de renforcer des ponts entre la France et les pays d’Afrique anglophone, face à la concurrence de la Chine et des pays du Golfe.

Pour sa première visite officielle hors d’Afrique, le président libérien George Weah a choisi la France. Une forme de retour au bercail pour l’ancienne star du PSG et de l’AS Monaco, qu’Emmanuel Macron n’a pas manqué d’exploiter, alors que le pays d’Afrique de l’Ouest a eu historiquement plutôt des liens forts avec les États-Unis. Après l’élection de l’ancien Ballon d’or, le 26 décembre 2017, le président français avait été l’un des premiers à l’appeler pour le féliciter, et pour l’inviter dans l’Hexagone.

« La France se tiendra à vos côtés », a assuré Macron lors d’une conférence de presse conjointe à l’Élysée le 21 février. Paris a déjà ajouté le Libéria, l’un des États les plus pauvres du monde, à sa liste des pays prioritaires de l’aide au développement en Afrique. La  décision est en parfaite cohérence avec la volonté affichée par Emmanuel Macron d’élargir les relations franco-africaines, aujourd’hui encore très centrées sur les pays francophones (Maghreb, Côte d’Ivoire, Sénégal, Bénin…). Fin novembre 2017, il avait déjà effectué la première visite d’un chef d’État français au Ghana, dans le cadre de sa nouvelle « approche continentale ».

Concurrence de la Chine et des pays du Golfe

« Emmanuel Macron considère, très nettement, qu’il faut dépasser les clivages historiques, notamment entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone. C’est très pragmatique, car l’essentiel des marchés sont dans les pays anglophones », détaille Philippe Hugon, directeur de recherche à l’Iris en charge de l’Afrique. Selon lui, la France a perdu la moitié de ses parts de marché sur le continent depuis début 2000, alors que les pays africains diversifient leurs partenariats. Elle a de toute façon perdu sa place parmi les cinq premiers investisseurs sur le continent, comme le révèle un rapport sur les apports financiers extérieurs, publié en 2017 par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Avec 7,7 milliards d’euros investis en 2015-2016, la France est sixième derrière les États-Unis et loin, très loin derrière le rouleau compresseur chinois (38,4 milliards). Or à Accra, Emmanuel Macron avait affirmé qu’il n’était pas normal que l’Europe soit « derrière la Chine ».

Des liens avec l’Afrique non francophone existent déjà, notamment au Nigeria et en Afrique du Sud. Le Ghana, pays stable au fort dynamisme économique et nouvelle puissance pétrolière, est la cinquième destination la plus importante pour les investissements directs français en Afrique sub-saharienne. Les grands groupes français comme Bolloré (logistique), Orange (télécoms) ou encore Total (hydrocarbures) sont aussi représentés dans de nombreux pays anglophones. Si François Hollande avait déjà entamé une réorientation des relations, celle-ci semblait moins volontariste : de son propre aveu, l’ancien président avait ressenti un « goût d’inachevé » de son mandat à propos du continent.

Les partenariats stratégiques et diplomatiques français sont encore limités avec de nombreux pays d’Afrique anglophone à l’économie prometteuse pour les investisseurs français, comme au Liberia, grand exportateur de fer et de caoutchouc. Insuffisants aussi pour concurrencer la Chine ou les pays du Golfe.

« Nous allons investir dans la formation et l’emploi des jeunes, la transformation au Liberia de ses matières premières, notamment son potentiel agricole, et nous appuierons ces chantiers prometteurs ainsi que les investissements dans les infrastructures de transport », a ainsi affirmé Emmanuel Macron, promettant une première enveloppe de 10 millions d’euros pour soutenir ces initiatives. Au Ghana, où le nouveau président Nana Akufo-Addo montre une volonté claire de s’affranchir au maximum de l’aide au développement, le chef d’État français avait là encore énuméré son mantra, un partenariat axé sur la jeunesse, l’innovation et l’entreprenariat.

L’Éthiopie dans le viseur

Dans sa lancée africaine, Emmanuel Macron compte se rendre prochainement en Éthiopie, où il sera devancé dès le 27 février par une délégation de chefs d’entreprises du Medef, dont son président Pierre Gattaz. Une première là aussi : aucun président du Medef ne s’est encore rendu en Afrique de l’Est, foyer « d’opportunités majeures pour les entreprises françaises » selon le syndicat patronal. « Quelques pays de la région, à commencer par l’Éthiopie, comptent énormément par leur dynamisme économique », commente Philippe Hugon. Reste que l’Éthiopie, qui a la mainmise sur le secteur des services, est un marché difficile, et ne garantit pas un accès aussi aisé pour la France que le Libéria ou le Ghana.

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