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2018 l’année FECAFOOT : chanceux comme Dieudonné Happi!

Après deux échecs retentissants, le football camerounais s’est enfin doté, en 2018, d’un exécutif fédéral accepté par la FIFA grâce à un comité de normalisation qui a, sans doute, su faire la différence. Voici comment.

Jean-Marc Soboth

Lorsque, le 11 décembre 2018, Dieudonné Happi, préside au Centre d’excellence de la Confédération africaine de football (CAF) à Mbankomo, les dernières assises de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), celles précédant l’élection, le lendemain 12 décembre, d’un nouvel exécutif fédéral camerounais, beaucoup n’en reviennent pas. Le comité de normalisation qu’il pilote doit corriger deux échecs. Les comités nommés en 2013 et 2015 ont vu leurs travaux rejetés par la Fédération internationale du Football Association (FIFA).
66 déléguées de ligues régionales se préparaient au scrutin « présidentiel » du lendemain dans cette banlieue de Yaoundé, en présence d’observateurs. Entre autres Sarah Solemale de la FIFA et le Mauritanien Ahmed Ould Yahya de la CAF. L’assemblée, « satisfaite », a introduit des félicitations au Comité Happi. La résolution est adoptée à l’unanimité.

Dans ce pays, les félicitations ne sont réservées qu’aux nominations par décrets. S’ensuit, au soir du scrutin du 12, une pluie d’éloges directement adressées à Dieudonné Happi par divers leaders d’opinion soulignant la transparence sans précédent des travaux.
Désigné par la FIFA en août 2017 pour régler l’innommable désordre dans le foot camerounais, le Comité Happi avait tout pour échouer. L’un des juristes les plus respectés de l’échiquier, le Pr. Joseph Owona, y avait laissé son pedigree.

Le Comité Dieudonné Happi – dont les quatre autres membres sont l’avocate Marcelle Denise Ambomo (vice-présidente), l’économiste Abdou Oumarou, l’analyste financier Maurice Bellet Edimo et le journaliste Kevin Njomo Kamdem – n’avait, pour ainsi dire, rien pour mener avec succès sa mission.

Mafia impressionnante

C’était sans connaître l’avocat de 62 ans, révélé au public en 1990 par le procès Yondo Black et le pluralisme version discours de la Baule. Baroudeur, orfèvre du verbe, négociateur et fin connaisseur de la bureaucratie, son atout crucial est son sens inné de la débrouillardise et de la dépense utile inspirées par la gestion de son propre cabinet.

Le prince bamiléké, ex-proche du défunt milliardaire Joseph Kadji Defosso, qui s’exprime couramment en Fufulde (le parler populaire de tout le septentrion) a, rappelons-le, fait ses classes à Pitoa, à Kaélé, à Buea, avant d’aller en France. Il s’était installé comme avocat dans l’extrême-nord où il a fondé sa famille. Ce multiculturalisme résume le personnage.

À leur installation en septembre 2017, les contempteurs se contentèrent de le présenter comme « l’avocat de Samuel Eto’o » – ce qui n’est pas le cas.

L’outsider atterrissait, en réalité, dans l’un des plus complexes capharnaüms du pays. Les championnats étaient suspendus et l’instance fédérale était devant les tribunaux. Le recrutement des sélectionneurs nationaux, la sélection des joueurs, les rapports avec l’équipementier allemand et la gestion courante de la FECAFOOT étaient régentés par des fonctionnaires en délicatesse quasi-permanente avec la FIFA. D’innombrables businessmen attendent le comité au carrefour au gré de centaines de millions de créances réelles ou fictives accumulées sous les précédents mandats… Dans un tel contexte, tout président du Comité de normalisation n’a pour seule ambition que de devenir prochain parrain de la mafia. C’est ici que ses prédécesseurs ont échoué.

Diaspora des « pros »
Dans ce pays où l’équipe nationale se nourrit presque exclusivement de sa diaspora de « pros » « étrangers », les joueurs se plaignaient de payer de leur poche des bakchichs à « la mafia » pour être appelés. Seul un sioux pouvait en sortir sans un clash à l’échelle du pays.
Le Comité a baigné dans cet enfer. Il a fait l’objet de tirs groupés et de deux prolongations imposées par le Ministre des sports, M. Pierre Bidoung Mkpatt. Interventionniste, le « Mini-Pam Pam » mettait en mission des employés de la FECAFOOT sans en informer le Comité.

Des peaux de bananes et diverses fiches de police pour essayer de bloquer le processus se mélangeaient à l’organisation parallèlement chaotique de la Coupe d’Afrique des nations 2019 entre les mains de hiérarques dont il fallait souvent attendre quitus pour la plupart des décisions importantes à prendre.
Dès le début, Maître Happi déchantait : « C’est un milieu où ne peuvent rester que des gens extrêmement malhonnêtes », confiait-il. Mais l’avocat bénéficia, entre autres, de « l’assistance technique gracieuse » de son fils, le jeune agent de joueur Wilfried du groupe Utopia, mais aussi de l’expertise d’un Pr. Magloire Ondoa, la superstar du droit public. Il dut se donner un leitmotiv : le football est appelé à survivre aux hommes, à la mafia.

Pour mettre fin à l’interminable scénario des atermoiements, le Comité Happi a fait de la date butoir du 14 décembre une question d’honneur.
La lutte fut donc âpre, qui a abouti à l’élection, au 12 décembre 2018 à Mbankomo, de Seïdou Mbombo Njoya. Ancien dircab de Issa Hayatou lorsque ce dernier fut président de la CAF, le prince Bamoun a battu l’ancienne star du football, Joseph Antoine Bell, par 47 voix contre 17 au terme d’une élection dont les votants provenaient de toutes les régions. C’était l’homme de terrain contre l’homme des médias.

Mbombo Njoya, roi et pionnier
Même si on a regretté la défaite de la star, l’on s’est souvenu que Seïdou Mbombo Njoya est, pour ainsi dire, un enfant du footba
ll. C’est le fils du pionner du foot, l’emblématique sultan, roi Bamoun et ancien ministre des sports, Ibrahim Mbombo Njoya. Lorsque ce dernier fut vice-ministre de l’éducation, de la culture, de la jeunesse et des sports dans les années 1970, il surprit le chef de l’État d’alors, Ahmadou Ahidjo, en suggérant la candidature du Cameroun au Caire pour l’organisation de la seule coupe d’Afrique que le pays de Roger Milla ait jamais abritée, la 8ème coupe en 1972. Le futur roi Bamoun poussa, ainsi, un chef de l’État contrarié mais fier bâtisseur à créer la FECAFOOT, un département ministériel dédié aux sports et à construire les stades de Yaoundé (Ahmadou Ahidjo), Douala (réunification) et Bafoussam, insuffisamment achevés à cause des délais trop courts mais néanmoins compétitifs.

Ministre des sports, le roi Bamoun « remporta » la CAN 1984 à Abidjan, avant d’être désigné par ses pairs à Alger en 1996 « président à vie » du désormais défunt Conseil supérieur des sports en Afrique (CSSA). Une chance. Normal, Dieudonné Happi a, toute sa vie, été un chanceux.

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